mardi 8 décembre 2015

Martin Courtney – Many Moons vs Ducktails – St Catherine #martincourtney #ducktails #realestate














J’adore Real Estate et sa pop aérienne, Mat Mondanile le guitariste de la formation avait déjà sorti plusieurs albums solo sous le pseudonyme de Ducktails, le dernier en date à la fin de l’été, Ste Catherine, et c’est maintenant au tour de Martin Courtney, l’autre tête pensante de Real Estate, leader et compositeur principal de s’y coller.
Autant je trouvais le son de Ducktails proche de Real Estate, autant avec Martin Courtney c’est encore plus fort. Même voix évidemment, même son de guitare et même type de composition, mais un peu plus calme, gageons que le coté plus pêchu vient de Mat !

Ça vous dit un petit match de pop entre les deux compères ?

D’un côté St Catherine l’album de Ducktails parait plus original avec ces claviers plus enveloppants et son coté BO de série 70’s, ses guitares un peu destroy à la Mac deMarco et sa production a priori plus léchée, on pourrait dire qu’il prend l’avantage.

Mais après une nouvelle écoute de Martin Courtney on commence à le préférer : sens de la mélodie, basse appuyant juste ce qu’il faut, délicatesse de la production assez classique. L’album est plus bucolique lorgnant vers le folk et la Californie des Byrds – mais où est passée la 12 cordes et le tambourine man qui joue une chanson pour nous ? Même quand Martin pousse un peu le tempo vers le power pop (en tout bien tout honneur, on va ne pas aller trop vite quand même) cela reste délicat et sympathique, comme sur Northern Highway.

Et puis on réécoute Ducktails, on se dit qu’il peut être fier de titres comme Headbanging In The Mirror, The Laughing Woman, un très bon titre qui nous fait instantanément penser au maitre Elliott Smith ou Into The Sky, Medieval et son intro géniale, de sa bizarrerie et de son originalité.

Et puis on réécoute Martin Courtney et on accroche à son coté ensoleillé, ses guitares plus claires, le coté dolce vita, en contrepoint des claviers de Matt. Ces tubes en puissances Awake, Vestiges et sa basse chaude (ma préférée), Northern Highway ou Asleep.

En fait entre chaque écoute les deux se nourrissent : le classicisme de Martin et les innovations sonique de Matt. Et les deux nous sortent des mélodies imparables en prime ! Peut-être un avantage pour Martin? Peut-être trop de titres instrumentaux chez Ducktails ? Il y en a aussi chez Martin Courtney...

Dur à dire tout ça…
En fait on croit pouvoir choisir mais on aime toujours le dernier qu’on écoute.
Le plus simple pour l’avenir ? Faire un album commun ! Le prochain Real Estate par exemple ! Ce serait une bonne idée, disons pour début 2016, ou juste avant l’été pour qu’il nous fasse tout l’été.




dimanche 6 décembre 2015

Connan Mockasin & Dev Hynes – Myths 001 EP #connanmockasin #devhynes #bloodorange



A la surprise générale, sans prévenir, sans buzz préalable voilà que nous arrivent ces magnifiques 3 titres venant d’une collaboration entre Connan Mockasin et Deventé Hynes, plus connu sous le nom de Blood Orange ou plus anciennement Lightspeed Champion. Et c’est très beau, RnB, soul, sexy, jazzy, bluesy, eighties. Ça sonne Prince, Marvin Gaye des derniers instants sur Feelin’ Lovely, un peu post punk sur La Fat Fur. En tout cas ça fait du bien et c’est hautement recommandé en cette fin d’année !


jeudi 3 décembre 2015

The Do live au Bikini, Toulouse, Mercredi 25 Novembre 2015 #bikini #thedo



Il y a des choses qu’on pense évidentes, comme acquises, par exemple aller à un concert et passer un bon moment.

Depuis ce vendredi 13, les choses ont changé. Et on a beau se dire que statistiquement il y a énormément plus de risques d’aller à la salle de concert à moto que de se faire flinguer pendant ledit concert, on y pense.
On y pense en regardant les sorties de secours, en s’offusquant presque que le contrôle soit normal et qu’il n’y ait pas 20 policiers devant la salle, en étant sur nos gardes. On se dit que le spectacle va être gâché par cette appréhension. Et puis quand le concert est génial, on est happé par l’instant et on oublie tout. C’est beau la musique !
25 novembre, au Bikini, The Do donne un concert tout juste 1 an après leur dernier à Toulouse, 1 an après leur dernier album et leur virage synthétique. Alléché par les on-dit sur l’excellence du précédent set, nous sommes allés au Bikini avec beaucoup d’espoir. Et nous n’étions pas les seuls. Malgré ces tristes évènements de novembre, le Bikini affiche salle comble, le concert est complet et je ne pense pas qu’il y ait des gens qui soient restés chez eux, ça fait plaisir, ça rassure. Quelques contretemps nous ont empêché de voir la première partie, je n’en parlerai donc pas.


Après une bière et un positionnement plutôt pas mal, pas trop devant, pas trop loin, pas trop sur le côté (oui aussi à côté de l’issue de secours gauche), le concert peut commencer. On commence tout doucement avec clavier et voix sur la délicate Mess Like This. La voix est claire, le son est parfait. Quand je dis parfait c’est vraiment parfait. J’ai rarement entendu un son aussi bien réglé. Pas trop fort mais englobant comme il faut. D’une clarté fabuleuse, bien contrasté avec de beaux aigus et des basses bien rondes et avec des réglages voix et instruments parfaits. La voix est belle sans forcer, le coté synthétique de l’album transparait super bien. Pour arriver à ce résultat il y a quelques instruments. En plus des 2 protagonistes Daniel et Olivia (le D et le O de the Do), 3 autres larrons se joignent à la fête : un batteur (batterie plutôt électronique), une nana aux claviers et aux chœurs et un gars à la guitare, à la basse et aux claviers. Et on peut dire qu’ils excellent dans chaque domaine.


Niveau setlist, tout le dernier album y passe, plus quelques titres des précédents albums mais pas leur méga tube On My Shoulders, marrant. Les anciens titres sont bien modifiés pour coller plus au nouveau son de The Do et ça rend très bien. On voit bien aussi que ça fait un an qu’ils tournent avec ce nouvel album : les versions sont assez différentes des versions album, couplets en plus, chants différents, arrangements différents, un solo de guitare en plus par ci, d’autres claviers par là. Ce ne sont pas de nouvelles chansons mais des versions améliorées. Le light show n’est pas en reste, beaucoup de spots et de fumée et une forêt de cheveux tombant du plafond en guise de décor.

Pour couronner le tout, l’ambiance est bonne, la bonne humeur communicative et Olivia partage pas mal avec le public.

Bref un très bon concert de près de 2h, on aurait aimé que ça dure un peu plus, certes, mais c’est déjà pas mal !

Deerhunter – Fading Frontier #deerhunter



Autant commencer par là, les précédents albums de Deerhunter ne m’avaient pas convaincu, mais je n’avais peut-être pas fait l’effort de rentrer dedans. Ça me fait un peu penser à Dirty Projector, tout le monde me dit que c’est génial que c’est le renouveau de l’indie pop US, mais je n’y arrive pas… Donc la sortie de ce nouvel album, même encensé par la critique ne m’avait pas particulièrement attiré. Mais quand les avis proviennent d’amis aux goûts sûrs, c’est autre chose. Et ils ont raison les bougres.

Bien plus accessible et pop, plus joyeux et solaire, ce petit rayon de soleil en ces temps sombres fait du bien. Un comble pour un album d’un mec atteint d’une maladie quasiment incurable et qui vient d’avoir un accident de voiture ! Parfaitement et minutieusement produit, il a tout d’un grand disque. Le chant pourrait paraitre un peu problématique par ce manque de mélodie par moment, mais la nonchalance et la diction très casablanquesque font figure de geste artistique. Et puis depuis quand un chanteur doit bien chanter ? On n’est pas à The Voice !

Bref un bon album, avec plein de titres géniaux, qui demande peut être un peu d’écoutes pour rentrer dedans. Les plus accessibles Breaker et Living My Life, sont de bonnes portes d’entrée avec ce côté lumineux et mélodique, Duplex Planet explore un coté plus stroksien dans le chant, Take Care plus calme est belle comme tout avec sa fin un peu prog. Snakeskin bouge beaucoup plus, funcky et rythmée, accompagnée d’une voix trafiquée comme à la grande époque du glam. Ad Astra est bien plus planante, psychédélique, à grand renfort de synthé eighties et de voix vaporeuse façon Tame Impala. Et enfin Carrion et l’ouverture As The Same sont très inspirées par Bob Dylan, j’aime un peu moins mais ça passe. Bref il ne reste que Leather And Wood qui est plus limite avec ses bidouillages. Mais rien d’horrible non plus.

Cette fois je suis d’accord avec la critique concernant ces Chasseurs de Cerfs et son leader acariâtre, dépressif et agressif : Fading Frontier est un très bon album, et certains de ses titres, avec en tête Living My Life, vont pas mal tourner.



Housse De Racket – The Tourist #HDR #houssederacket




Après 4 ans d’attente (une éternité dans le monde de la musique), Housse de Racket nous revient avec un nouvel album, et ils n’ont rien perdu de leur capacité à écrire des tubes. Le seul hic, c’est qu’il y a du monde au bataillon maintenant.

Tous comme sur les précédents albums, The Tourist laisse la part belle aux synthétiseurs, mélange anglais et français avec des textes un peu abscons traitant de voyages et de sujets légers, toujours volontairement très clichés. De la vraie pop, quoi.

Basse très présente, rythmique marquée, boucles enivrantes, accent français appuyé sur certains titres, la recette marche toujours autant, même si on est ici moins frontal que sur Alesia, plus nuancé, plus joyeux et insouciant. Bourré de titres immédiats et ensoleillés : The Tourist, Satellite 1, Turquoise, Crocodile, Le Rayon Vert. Evidemment ça sonne très Phoenix, en un peu plus électro peut être. Mais il y a aussi de temps en temps des volontés d’émancipations psychédéliques (Interiors, lente et très bien, Parallel Lives). En tout cas, ça réchauffe l’automne !

HDR (c’est comme ça qu’ils se font appeler maintenant) apporte un nouvel album à la communauté des disciples français de Phoenix, mais sans arriver au niveau du maitre bien sûr. On pourra donc le classer sans problème entre Saint Michel et le dernier Tahiti 80, peut-être un peu devant, ça doit être l’ordre alphabétique qui veut ça.

Travis Bretzer – Waxing Romantic #travisbretzer



Travis est canadien et est un pote de Mac deMarco, et ça s’entend. Et ce dès l’ouverture Giving Up et ses guitares un peu déglinguées et son coté nonchalant. On y trouve le même côté slacker et les mélodies qui ont l’air de couler de source, le tout entouré d’une production seventies. On y trouve aussi un côté Ducktails/Real Estate pour ses mélodies pop et surtout Dent May pour le coté seventies et la production ensoleillée très Beach Boys.

Pour un premier album, le canadien s’en sort plutôt bien. Sans atteindre les sommets de Mac deMarco, le disque reste quand même très agréable. Malgré quelques baisses de régime par ci par là (Story Book, Wishing Away), il est parsemé de pépites pop et ensoleillées : Giving Up (très Mac deMarco et aussi très Martin Carr), Idle By (sur le dernier Ducktails ?), Promise, The Bread (et ses guitares funcky), Lady Red.

Cet album est donc à recommander plus que chaudement pour les amateurs de Mac deMarco et de la pop lumineuse tendance seventies. Parfait pour ensoleiller ce début d’automne et le transformer en été indien. Comme Dent May il y a 2 ans en somme…


mardi 27 octobre 2015

Half Moon Run – Sun Leads Me On #halfmoonrun



Half Moon Run avait été pour moi une des grosses révélations de 2013, d’abord sur album puis ensuite sur scène. Après 2 ans de grosse tournée, de première partie de Mumford and Sons et Of Monster and Men (moins bons selon moi mais bon…), revoici nos canadiens au look 90’s improbable. Enfilons la chemise de bucheron pour retrouver au final un son très canadien, Neil Young en somme. Du moins pour les ballades folk qui peuplent de très bonne manière cet album. Car sinon on retrouve toujours un petit côté Death Cab for Cutie et étrangement Radiohead (en moins expérimental quand même). Il y a toujours cette voix particulière et son phrasé très intéressant, et toujours au service d’un son varié : indie pop classique, ballade folk calme, rock plus énervé, pop dansante virant sur l’électro pop. Même si on a l’impression que les canadiens sont cette fois ci plus à l’aise dans la ballade : Warmest Regards (géniale), Devil May Care (très dépouillée) et Sun Leads Me On sont magnifiques ; on trouve de très bons tubes dans chaque domaine avec notamment Trust, petite pépite dans un style dansant avec une rythmique superbe (leur point fort, surtout sur scène) et un synthé très en avant. Hands In The Gardens ou I Can’t Figure Out What’s Going On sont de facture plus classique et passent à la perfection (Hands In The Garden reste vraiment en tête). Du très bon.

Un peu moins tubesque que son précédent, l’album reste tout aussi varié, mais plus constant dans la qualité et donc globalement meilleur. Le son est plus clair par la disparition des guitares saturées 90’s au profit d’un peu de synthé ou de quelques effets de production bien léchés (cordes, arpèges de guitare). Voici donc un très très bon album en cette fin d’année, et j’espère bientôt les revoir sur scène !

Dans le sillage d’Arcade Fire, Half Moon Run nous prouve que les canadiens sont décidément doués pour la pop.


The Libertines – Anthems for doomed youth #thelibertines


C’est la mode des reformations outre-manche visiblement, après Blur, voici Libertines. Pour la bande à Carl et Pete ce n’est pas la première fois qu’on nous la fait, on a eu des concerts de reformation, des déclarations à la con du style « c’est pour l’argent » et même un album des Babyshambles il y a 2 ans pour Pete, pas génial mais pas commercial non plus. Donc on ne savait pas trop comment recevoir l’annonce et la sortie de cet album des étoiles filantes britonnes. Car les Libertines, c’est faire tout trop vite, cramer dès le décollage, 2 albums et l’explosion en plein vol. Alors, nostalgie malsaine ou nouveau départ pour ce nouvel album ?
Un peu des 2 j’ai envie de dire, et c’est ça qui rend le disque (un peu) intéressant. Fidèle à son sulfureux passé, les deux leaders insufflent ce qu’il faut de malsain dans les compositions de ce nouvel album pour le rendre intéressant. Bien équilibré entre balade plutôt sincère (You’re my Waterloo, Dead For Love), rock énergique à tendance très pop (Barbarians, Fame and Fortune, Heart of The Matter, Glasgow Coma Scales Blues), reggae de rocker (Gunga Din et Barbarians par moment) et ballade exigeante (Iceman). En tout cas c’est très anglais, on retrouve les influences Clash bien sûr, The Cure aussi (Heart Of The Matter et son début très Boys Don’t Cry), Kinks (Fame ans Fortune) en fait surtout très Libertines ! La diction, le mélange des deux voix, les chœurs bancals, la batterie baveuse de la cymbale et le coté pas hyper net.

Donc une petite surprise avec de bons titres comme Barbarians (un peu en dessous), le single Gunga Din, Fame and Fortune, Hear Of The Matter (une de mes préférées). En tout cas il ne faut pas snobber ce bon retour des Libertines (comme magic qui les assassine sous prétexte qu'ils n'ont pas réinventé la poudre en 10 ans, pourtant Pete y connait un rayon en poudre). En attendant la suite, cure de desintox ou succès pépère? A bit of both?

Beach House – Thank You Lucky Star #beachhouse



Ce n’est pas banal ça : sortir 2 albums à moins de 2 mois d’intervalle après 3 ans d’attente. Et d’en faire la surprise en plus ! Mais la question que tout le monde se pose c’est : Est-ce que cet album est en quelque sorte les rebus du très bon Depression Cherry ? Des chansons bonus ? La deuxième partie d’un double album ?

La réponse est simple : non, c’est bel et bien un autre album, un nouvel album.

Bien sûr on retrouve le style particulier de Beach House, ses chœurs vaporeux et sa dream pop cotonneuse. Ces 9 titres auraient pu être sur le précédent album, certes. Quoiqu’en y réfléchissant bien, cet album a un son propre, différent du précédent, plus brut, moins dans le fignolage maniaque avec un clavier beaucoup plus omniprésent. En fait c’est presque l’opposé de Depression Cherry. D’ailleurs à y penser ils auraient pu inverser les 2 noms, plus en accord avec le contenu. Car Thank You Lucky Star est plus sombre, moins poli et solaire, moins convenu, plus ambivalent donc un peu plus intéressant je trouve. Le tempo est un peu plus haut, les synthés sont aussi plus puissants comme sur les sublimes Common Girl (l’orgue psychédélique est génial !) ou All Your Yeahs et Elegy To The Void, qui penchent vers Chromatics et les autres productions du label Italian Do It Better (BO de Drive…), c’est surement la rythmique, en tout cas c’est très bon ! She’s So Lovely et son orgue omniprésent en contrepoint du chant et Majorette sont aussi très bien. Idem pour The Traveller et ses slides de guitares très guilmouriens qui répondent au clavier et le slow très 50’s Somewhere Tonight (Lana Del Rey où es-tu ?? Peut-être sur l’intro de Common Girl).

C’est donc une vraie bonne surprise : un album qu’on n’attend pas et un très bon en plus. Si avec ça Beach House n’atteint pas la renommée qu’ils méritent, je ne sais pas ce qu’il faut.

et comme cadeau, l'album est en écouta intégrale sur youtube.

Petite Noir – Life is beautiful / La vie est belle #petitenoir



Derrière Petite Noir et sa faute d’orthographe, is y a Yannick Ilunga, mi Angolais mi Belge et vivant à Cape Town en Afrique du Sud. Un paradoxe déjà. Et ça se retrouve dans sa musique plutôt oxymore : inquiétante et pleine d’espoir, sombre et lumineuse, hyper produite et brutale. C’est aussi un mélange de style improbable : beat afro, du funk, de la cold-wave tendue et un peu de hip hop, ce qu’il appelle lui-même la Noir Wave. On avait déjà eu l’EP King Of Anxiety sorti en début d’année, et bien voici l’album. On ne retrouve que Chess de l’EP, le reste est nouveau. Nouveau mais dans la même veine, à part peut-être l’incartade rap en français du titre éponyme (que je n’aime pas mais que d’autres peuvent apprécier). En tout cas, en plus de Chess, j’y trouve plein d’autres très bons titres, tout d’abord Down, vraiment excellent, mais aussi Mor dans le même style avec sa rythmique martiale à la sauce africaine et 80’s et Colour plus afrobeat classique.

Très pop, très cold wave, avec ce qu’il faut de production 80’s pour être dans l’air du temps, Petite Noir en profite pour introduire sur sa voix caverneuse des rythmes africains, tout aussi efficaces que les guitares de Foals mais bien plus authentiques. We’re not going down, repète-il dans Down, ça c’est sûr.


jeudi 1 octobre 2015

Arcade Fire – The Reflektor Tapes #arcadefire



Cela fait 2 ans qu’est sorti Reflektor, le dernier album d'Arcade Fire. Magnifique album qui n’a pas subi les outrages du temps et de statut d’album de l’année 2013 (pour moi et bien d’autres) est devenu une petite référence. A l’occasion de la sortie d’un documentaire, voici que quelques nouveaux titres pointent leur nez sur une version agrandie de Reflektor. On passera sur le coup marketing de sortir ces nouveaux titres sous format cassette audio uniquement pour se concentrer sur les titres (disponibles aussi digitalement je vous rassure).
Les nouvelles chansons approfondissent un peu le coté caribéen de Reflektor avec la très jolie balade reggae Women Of A Certain Age et bien entendu le remix dub de Flashbulb Eyes par Linton Kwensi Johnson (LKJ), maitre en la matière aussi surnommé le dub poet. Evidemment, il faut aimer, moi j’aime… On trouve aussi 2 titres qui étaient déjà sortis en 7’’ plus tôt : le rock bluesy volontairement un peu lourd Get Right et la balade un peu plus folk Crucified Again. Et enfin on y trouve Apocrypha, qui sonne très americana avec sa guitare bien métallique et le super titre Soft Power plus pop, presque Beatlesien.
Bref de très bons titres qui ont dû être écartés de Reflektor non pas pour des raisons de qualité mais plutôt de cohérence, je pense : j’ai du mal à voir entre quels titres ils auraient pu entrer. Après, il est vrai que la force de Reflektor était sa diversité.

En tout cas ne boudons pas notre plaisir d’avoir de nouveaux titres, en attendant le prochain album, prêt à 30% selon les dires des intéressés.

Allez cadeau, la totalité des titres !

Destroyer – Poison Season #destroyer


J’avoue ne pas connaitre Destroyer, c’est par hasard et grâce à mon beau-père que je suis tombé sur cet album. Une belle découverte et un objet bizarre. Tout comme Owen Pallett, son compatriote canadien, Destroyer ose des arrangements orchestraux très baroques. Il ose d’ailleurs beaucoup de mélanges. On y trouve un style et une intention très Lou Reed, avec des arrangements symphoniques grandioses, mélange de moments intimes et fragiles renforcés par le chant, et de grandiloquence orchestrale. On y trouve du rock dans le style Springsteenien sur Dream Lovers, du Jazz tendance afro sur Archer On The Beach, du plus classique avec le très bon et entrainant Midnight Meet The Rain et sa rythmique particulière, du Frank Sinatra-like avec Girl In A Sling, de la rythmique bossa (Force From Above), de la pop douce et ensoleillée (Solace’s Bride), des cuivres et des cordes très Burt Bacharach. Le tout avec une voix chancelante entre du Lou Reed et du Bob Dylan, quelques pointes de David Bowie et des élans très Paul Williams (Phantom Of the Paradise avant d’être en guest sur le dernier Daft Punk). L’album en entier est intéressant pour ce mélange avec quelques moments géniaux comme Hell (un petit résumé de l’album, génialement arrangée et délicate), Midnight Meet The Rain, la dylanienne Times Square (elle y est d’ailleurs 3 fois sous divers arrangements), The River, Bangkok (la fin géniale), Solace’s Bride ou Force From Above.

C’est particulier, ça restera surement confidentiel, dommage car il y a une vraie prise de risque.


Kurt Vile – B’lieve I’m Going Down #kurtvile



Les envies ça ne se commande pas, par exemple en ce moment je suis beaucoup plus réceptif au folk que par le passé. C’est surement dû à l’écoute un peu trop intensive de Sufjan Stevens puis de Villagers. Tout ça pour dire qu’il y a quelques années, un album comme celui de Kurt Vile serait passé à la trappe, comme son dernier d’ailleurs, j’étais plus dans une ambiance électro pop post phoenixienne.
Bref cette année je suis plus sensible au folk et ça tombe bien il y en a pas mal en moins d’un an : Outre Villagers et Sufjan, il y a Destroyer, Father John Misty, Christopher Owens, Kevin Morby, José Gonzalez, Avi Bufalo, Damien Rice, Martin Carr mais aussi dans une certaine mesure Tobias Jesso Jr et Mac deMarco. Bref ça se bouscule.
Kurt Vile s’écarte un peu du folk classique pour l’électriser et lui donner un coté plus bluesy, un peu laid back ou même desert rock, l’americana comme on dit. Ça sent les US, la Route et le sud comme sur A Outlaw ou Dust Bunnies, ou Wheelhouse (qui sonne d’ailleurs comme le Harlem River de Kevin Morby). Il y incorpore aussi quelques phrasés plutôt modernes, à la limite du spoken word, façon Only Real sur ce qui pourrait s’apparenter à une boucle (comprendre une séquence musicale plutôt répétitive) comme sur Life Like This ou sur la géniale Pretty Pimpin (génial de commencer un album sur ces vers : I woke up this morning, didn’t recognize the man in the mirror, then I left and I said « oh silly me, that’s just me »), vraiment un résultat au top pour ces 2 titres.
Il y a bien sûr du folk plus classique, comme Stand Inside ou All In a Daze Work, avec quelques ajouts électro comme Kidding Around, une boite à rythme légère sur Wild Imagination ou façon Leonard Cohen sur la ballade un peu crépusculaire That’s Life Tho. On y trouve aussi 2 instrumentales plus anecdotiques mais qui font la liaison.
Niveau production ça sonne d’enfer, surtout les guitares, le chant particulier a ce qu’il faut de reverb ou de doublage pour apporter un surplus de profondeur.
Si j’avais à faire une petite sélection, je prendrais les chansons plus originales par le phrasé ou la production : Pretty Pimpin bien sûr, mais aussi Life Like This, Kidding Around, Wheelhouse et peut être Lost My Head There mais pas sûr !
Donc voici un très bon album que je recommande chaudement, même pour ceux qui ne sont pas des fans inconditionnels de la folk et de Neil Young, Leonard Cohen ou de Nick Drake.

Je n’arrive pas à me defaire de Pretty Pimpin et c’est tant mieux !


Darwin Deez – Double Down #darwindeez


Comment peut-on avoir un look aussi improbable ? Sérieusement ? La moustache, les anglaises, le bandeau serre-tête et les lunettes 1970, c’est trop non ? Bon d’accord, le garçon est un peu barré. Sa musique aussi, une pop simple, avec des instruments cheap et une voix qui se vrille facilement dans les aigus. Ça fait quelques temps que je suis cet hurluberlu, si vous n’en avez jamais entendu parler je vous conseille d’écouter DNA, Radar Detector ou Up In The Clouds, très bons titres avec des clips plus que loufoques. Après un deuxième album que je n’avais pas apprécié, la loufoquerie prenant trop le pas sur les mélodies, cet album est celui du retour aux mélodies sympathiques et gentiment mélancoliques et attachantes, le tout avec une production moins à l’emporte-pièce. Comment ne pas succomber devant Time Machine, sa mélodie élastique et sa basse toute en rondeur ? Bag Of Tricks, The Mess She Made ou Last Cigarette arrivent aussi très bien à attirer l’attention. Evidement il y a des titres plus durs Rated R et son grunge pop n’est pas convaincant et il faut reconnaitre qu’il y a moins l’effet de découverte d’il y a 5 ans, mais ça reste agréable.

Bref un gentil album qui ne révolutionne rien mais fait plaisir.





pour le reste il faut aller sur soundcloud :
https://soundcloud.com/darwin-deez/time-machine


et pour ceux qui ne connaissent pas les albums précédents :


Beirut – No, no, no #beirut



Ça fait longtemps qu’on avait pas eu de nouvelles de Beirut, pas de la ville, mais du groupe américain très porté sur les noms de villes : Nantes, Cherbourg, Venice dans les précédents albums, et maintenant Gibraltar et Perth.
Et bien on peut dire qu’on les retrouve au même endroit. No, no, no se place dans la pure continuité de style, cette pop un peu plaintive, ce chant particulier, renforcé par une rythmique un peu laid back et des arrangements très cuivrés et chauds.
L’album commence par 2 magnifiques singles : Gibraltar et surtout No, no, no vraiment impossibles à faire sortir de la tête une fois écoutés. La suite de l’album est moins tubesque mais de très bonne facture, même si je me serais bien passé de l’instrumentale As Needed. Perth est plutôt sympathique, Fener et son changement de rythme me plait aussi beacoup, tout comme la valse So Allowed. La seule chose qu’on pourrait reprocher à cet album c’est sa trop courte durée : 9 titres ça passe vite… trop vite...


lundi 14 septembre 2015

Sufjan Stevens live au Grand Rex (Paris) 8 septembre 2015


Comment retranscrire l’émotion et le travail de dépouillement du dernier album de Sufjan en live ?
Faire un set acoustique guitare voix ? Tout changer au risque de perdre la fragilité des chansons ?
La question se pose d’autant plus que sa dernière tournée, pour le très électro Age of Adz, était plutôt spectaculaire : danseur avec des néons, Sufjan en costume d’oiseau avec des ailes et compagnie. Je n’y étais pas mais on m’a dit que c’était fou. Vu l’état mental du bonhomme de toute façon ça ne peut pas en être autrement.

J’ai fait le déplacement sur Paris pour ce concert, au Grand Rex, les 2 dates affichent complet. Je suis allé à la première, le jour de mon anniversaire, sympa ! On pourrait déjà parler de la salle qui est en fait un cinéma. Places assises plutôt confortables, énorme voute avec plus de 30 mètres sous plafond, avec balcon et décor kitch style les nuits d’orient en carton pâte, et la scène.

La première partie arrive, Madison Ward and The Mama Bear, un énorme Black du Texas, accompagné de sa mère, qui arrive sur Rocky Raccoon des Beatles. Ils ne peuvent qu’être sympathiques ! La musique est plutôt blues, teintée d’un peu de folk et de soul. Ça sent bon le sud des états unis et on y trouve une petite touche de modernité indé, genre Edward Sharpe ou Fleet Foxes. Bref du très bon, je vais de ce pas me procurer l’album. On en reparlera donc bientôt.
Rentrons maintenant dans le vif du sujet, le concert de Sufjan, assez déconcertant, tout en dualité : schizophrène, pourrait-on dire. On se retrouve avec un beau mélange de grâce, d’intimité guitare voix et de grosses envolées électro très expérimentales. Pour l’aider dans sa tâche, Sufjan s’est entouré de 5 personnes qui tournent beaucoup entre les divers instruments à cordes, le piano, les claviers, le trombone, la flute à bec et bien sûr les choeurs. Il n’y a que le batteur, avec son touché particulier, qui ne bouge pas.
Carrie and Lowell, son dernier album est joué en entier et les chansons sont très modifiées pour certaines : final électro pour Should Have Known Better (peut-être un peu dommage je trouve, j’adore la montée de la fin sur la version album), All Of Me Wants All Of You (rythmique hip hop et danse chelou de Sufjan par-dessus), Fourth Of July (un écho surréaliste et la fin cataclysmique rythmée par le mantra « we all gonna die » ) et bien entendu le final interminable et expérimental en forme de trip sous acide multi sensoriel, son mais surtout lumière, de Blue Bucket Of Gold. D’autres sont par contre vraiment dépouillées à l’extrême comme Eugene ou Death With Dignity. Et chose à noter TOUT l’album y passe : les 11 titres sont présents dans la setlist…
On peut dire que le contraste est assez saisissant et surprenant, on enchaine donc les chansons très sensibles, rendues encore plus personnelles par la présence de films super 8 de la famille Stevens diffusés en arrière-plan, et des envolées électro, interlude ou presque des titres à part entière, avec show lumière à l’appui. J’oubliais les deux titres (en excluant l’intro), The Owl and The Tanager, un peu plate et Vesuvius beaucoup plus intéressante. Ça c’est pour la première partie, show impeccablement rodé, très autiste, sans aucune interaction de la part de Sufjan avec le public, d’un seul bloc, peu de pause entre les morceaux, vidéo spécifique sur chaque chanson (diffusées sur de magnifiques murs de diodes en forme de diamants, light show de folie avec faisceau et boule à facette géante pour la fin de la partie, modification très électro des titres).
Le public écoute, tendu, silencieux et poli, enfoncé dans ses sièges en cuir. Tantôt au bord des larmes, submergé par l’émotion des titres, tantôt abasourdi par la fureur électrique.
Et il y a le rappel, sorte de deuxième partie, composé de chansons plus classiques, principalement de Illinoise. 2 parties, 2 ambiances, ici pas de light show, de la lumière brute, peu d’électro et un Sufjan qui parle, chose qu’il n’avait pas encore faite, et en français en plus ! Et à la beauté formelle de la première partie, quelque chose de plus proche, un peu plus touchant et chaleureux vient s’immiscer.
C’est bien évidement les chansons calmes qui m’ont tenu en haleine, comme accroché au moindre soupir : Death With Dignity, Drawn to the Blood, The Only Thing et No Shade in the Shadow of the Cross du dernier album, mais surtout Concerning the UFO (j’adore cette chanson qui vient rouvrir le rappel sur un magnifique piano voix, et cet énorme soupir à la fin du titre apporte tellement…) et John Wayne Gacy, Jr de Illinoise. Le jeu de piano en réponse à la guitare sur John Wayne Gacy, Jr était juste merveilleux… Et bien sûr le final Chicago joué peut-être un peu trop acoustique (merde il y avait un trombone sur un pied qui ne servait à rien !), mais toujours génial, vraiment une grande chanson.
Visuellement le show est génial, enfin pour la première partie. Pour ce qui est du son, certains ont reproché l’acoustique pas fabuleuse de la salle, personnellement j’ai trouvé ça vraiment bien, nette pour les parties calmes, puissante pour les parties électro et ses infrabasses qui font vibrer toute la salle. On peut noter quelques pains mis çà et là par Sufjan (forcement repérable quand il n’y a que lui) ou des oublis de paroles. Ça parait presque volontaire sur Should I Know Better quand il bute sur l’âge auquel sa mère l’a abandonné dans un vidéo club ou sur Eugene quand il dit qu’il est bourré. C’est moins excusable sur John Wayne Gacy, Jr... L’émotion ou la maladie ou les deux sans doute. Sa voix de temps en temps s’enraye, il peine un peu sur les changements entre sa voix calme et sa voix de tête. ça peut donner un peu de charme, en tout cas l’émotion est là.

L’émotion, c’est vraiment le maitre mot de ce concert, on en ressort un peu chamboulé, par ce mélange particulier, cette sincérité, ce trop-plein visuel, ces erreurs touchantes et l’assurance d’avoir passé un moment unique.


Et pour ceux que ça intéresse, voici la setlist :

1. Redford (For Yia-Yia & Pappou)
2. Death With Dignity
3. Should Have Known Better
4. Drawn to the Blood
5. All of Me Wants All of You
6. Eugene
7. John My Beloved
8. The Only Thing
9. Fourth of July
10. No Shade in the Shadow of the Cross
11. Carrie & Lowell
12. The Owl and the Tanager
13. Vesuvius
14. Blue Bucket of Gold

Rappel:
15. Concerning the UFO Sighting Near Highland, Illinois
16. Heirloom
17. Futile Devices
18. John Wayne Gacy, Jr.
19. To Be Alone With You
20. Chicago

Et pour ceux qui veulent un aperçu, des gens à de meilleures places ont fait quelques vidéos pas trop mal.


Everything Everything - Get To Heaven #everythingeverything




J’ai rarement vu un album aussi bordelique, avec autant d’inspirations, de mélanges de styles scabreux. Des rythmiques bizarres, et surtout des changements de rythmes, de l’électro, un peu de 80’s de 90’s type eurodance, du hip hop, du ragga, des chœurs gospel, de la pop sixties, un slow dans la pure tradition 70’s, des chœurs pop aigues dans le plus pur style anglais, du funk, de la disco, de la soul, du rock un peu criard et à disto et pourquoi pas de l’indie pop plus classique, soyons fous. Le tout, pas seulement dans un seul disque mais souvent dans une seule chanson. C’est aussi un chanteur impressionnant, aussi à l’aise dans le rap que dans les envolées Radioheadiennes. On pense d’ailleurs souvent à Bloc Party et Kele son chanteur (comme sur Blast Doors par exemple). Everything Everything, c’est tout ça tout ça. Alors bien évidemment on ne peut pas tout aimer, mais on peut saluer la prise de risque et se servir à droite à gauche dans ce trop plein d’idées bouillonnantes... Ou tout rejeter en bloc comme beaucoup on fait. Effectivement après une première écoute complète, on se sent un peu fatigué par ce trop-plein d’expérimentations, parfois à la limite de la mélodie et du bon gout.

Dans l’opulence des 17 titres, je retiendrais bien Distant Past son intro rappée et son clavier Eurodance, Get To Heaven très 80’s, Spring/Sun/Winter/Dread plus classique mais surtout Regret vraiment géniale, bref tout le début d’album. Plus difficile mais intéressant, No Reptile commence de façon hyper minimaliste pour emprunter des chœurs dont on pensait que seul Local Natives avait le secret pour un final tout en montée électronique, Hapsburg Lipp peut aussi servir pour bouger son booty sur le dancefloor, Warm Healer est intéressante malgré sa rythmique à la con.

Pour conclure, voici un album à écouter, à essayer de comprendre et digérer. On peut aussi se contenter d’écouter Get To Heaven, Spring/Sun/Winter/Dread ou Regret bien plus accessibles, mais ce serait dommage et un peu facile !

Foals - What Went Down #foals



Je n’ai jamais été très fan de Foals, un peu trop post punk, un peu trop de disto, de plaintes et de lourdeur. Pas assez pop peut-être. Je ne dis pas que les précédents albums étaient mauvais, je dis que je n’apprécie pas forcement leur œuvre. Il y a bien 2 3 morceaux de leur précédent album Holy Fire qui sont restés (My Number, Last Night), quelques titres d'Antidote mais rien de plus. Je n’attendais donc pas avec impatience What Went Down, malgré les avis dithyrambiques préalablement dispensés par la presse. J’ai donc été agréablement surpris par ce très bon album un peu particulier.

Particulier car un peu schizophrène : on y trouve des choses très pop d’un côté (chose plutôt nouvelle pour les anglais), dansantes, lumineuses, bien faites et de l’autre côté quelque chose de très heavy métal, saturé, sombre, comme en témoigne la chanson éponyme, ouverture et premier single de l’album. Ça déménage, ça sature, c’est énergique, électrique, massif, on reconnait la voix si particulière de Yannis Philippakis, désabusée et colérique, pas vraiment ma tasse de thé… Même si on trouve d’autres morceaux plutôt charpentés comme Snake Oil ou A Knife In The Ocean, le reste de l’album est plutôt pop et accueillant. Comme en témoigne le super Mountain At My Gate qui repart en guitare et en douceur après la déferlante What Went Down, et qui ne s’interdit pas un final plus explosif. Birch Tree ou Albatros (rythmique sympa) sont aussi d’autres singles en puissance avec leur picking sympathique et leur coté solaire. London Thunder et Give It All (géniale) dans un style plus calme et moins rythmé en rajoute aussi une couche sur la qualité globale du disque. Et si on rajoute Night Swimmers, autre morceau de bravoure avec sa rythmique caribéenne, sa basse bien ronde et dansante et ses puissantes montées énergisantes, on se dit qu’on a un disque plutôt sympa !
En tout cas bien assez pour me réconcilier avec Foals.
Vous l’aurez compris ce n’est pas les morceaux les plus lourds qui me plaisent dans ce disque, ce sont les autres plus subtils même si parfois ils utilisent un peu de cette énergie sombre (Night Swimmers ou Mountain At My Gate), ces titres risquent de rester longtemps dans la tête et dans les playlists.



mardi 1 septembre 2015

Beach House – Depression Cherry #beachhouse


Après plus de 2 ans, on retrouve le duo mixte Beach House, composé d’Alex Scally ou Victoria Legrand (nièce de Michel) à peu près au même endroit. Du coté de Baltimore mais surtout dans la même dream pop électro embuée. On retrouve les synthés enveloppants, la boite à rythme légère, les guitares discrètes et le chant vaporeux et éthéré dont on ne sait jamais trop si c’est lui ou elle qui chante. Si vous attendiez un bouleversement total avec cet album vous allez être déçus, mais si le premier album vous manque, vous avez directement de quoi continuer. Et je ne parle pas de ceux qui ne connaissent pas Beach House.

Donc Beach House ne se réinvente pas, mais enfonce le clou, va plus loin dans sa perfection cristalline et mélodique. De l’ouverture en douceur Levitation au final Day of Candy, le duo nous propose un disque presque parfait, cohérent. On retiendra surtout la fabuleuse Space Song, avec son gimmick entêtant, son coté « dolce vita », bien que chaque titre soit un single en puissance (Levitation toute douce, Beyound Love mélancolique, 10 :37 cotonneux, Bluebird entre autre). D’ailleurs celui que j’aime le moins de l’album c’est justement celui qui a été choisi comme single : Sparks.

Je vous conseille donc fortement cet album, qui n’innove pas forcement, mais approfondit encore plus l’expérience Beach House en proposant quelque chose de plus simple (moins de rythmiques compliquées), plus accessible et immédiat. Un vol d’initiation pas cher en somme. Il y a fort à parier que Beach House va connaitre un succès plus grand avec cet album, et c’est tant mieux ! The XX n’a qu’à bien se tenir.

Mac DeMarco – Another One #macdemarco



Ce gars est vraiment un vorace de musique, tout juste un an après son album Salad Days, Mac nous sort un mini album 8 titres : il ne veut pas attendre plus pour sortir un album complet.

Parfait pour l’été, voici le disque qui va tourner en boucle ces mois-ci.

Dès les premiers instants on reconnait le style Mac DeMarco, sa signature musicale comme on dit : la guitare un peu déglinguée, un peu hawaïenne, le style cool, débraillé et chaloupé, une basse un peu funky, des synthés un peu cheap et ce songwriting si particulier. Mais le niveau est encore supérieur à Salad Days (bien supérieur).

Outre les chansons solaires, légère plutôt classique pour Mac comme The Way you’d Love Her (solo de guitare génial), Just To Put Me Down ou Without Me (et son clavier vintage), on trouve 3 pépites de mélancolie, ornées des plus beaux arrangements (proche de Chamber Of Reflection du précédent album) : No Other Heart, Another One et A Heart Like Hers. Magnifique.

En tout cas, le moins qu’on puisse dire c’est que Mac fait ici preuve d’une aisance et d’une décontraction impressionnante. Tout semble évident, facile, gracieux, sincère, spontané et plus essentiel que le précédent (la concision surement). On a l’impression d’avoir affaire à un John Lennon ou un Paul MacCartney. Rien à jeter, un disque parfait pour moi.

En fait il existe 2 Mac DeMarco, le songwritter sensible et fragile, plutôt exigent en matière de musique, qui commence à atteindre la maturité sonique et le personnage de scène, immature au possible, clownesque, qui fait le pitre, qui donne son adresse en fin d’album pour venir boire un verre, qui grimpe en haut des structures métaliques pendant les concerts, qui slame à tout va, qui invite ses fans à un barbecue pour la sortie de son album.
Autant le deuxième ne me touche pas trop, autant le premier m’impressionne. Et son mini album rempli de sincérité, de spleen et de soleil restera longtemps à mes cotés.

Pour finir, j’ai lu dans Pitchfork un truc qui résume bien l’album :
Music made for the end of a rooftop barbecue, when the sun dips, the beer is nearly gone, and everyone who doesn't want to be there has already gone. Here, you can be honest, goofy, even silent; all of it is accepted without a dissenting word. This type of sincerity without precocity is rare in art, and the contrast between the content of DeMarco's music and the content of his character only highlights his singularity as someone whose contradictions build toward a vibrant self, rather than collapsing in disarray.


dimanche 9 août 2015

Jaakko Eino Kalevi – Jaakko Eino Kalevi #jaakkoeinokalevi



On peut dire que sans le magazine Magic, je ne me serais jamais penché sur cet artiste finlandais. Et ça aurait été une grave erreur.
Bien sûr il faut aimer l’électro pop, avec clavier vintage, avec le côté un peu planant cher à Air et ce style 80’s très dans l’air du temps. Peut-être trop ? Ce n’est pas faux. Mais c’est quoi ce style, qu’est-ce que ça me rappelle ? Mais bien sûr, Vladimir Cosma ! Un mix entre la BO du Père Noël est une ordure, La Soupe Aux Choux, L’aile ou La cuisse, La boom, les sous-doués et Inspecteur Labavure !
Mais bon quand on est finlandais comme notre ami Jaakko, on n’a certainement pas dû voir ce monument du 7ème art franco-berrichon La Soupe Au Choux, donc quand on utilise le synthé comme Vladimir Cosma, ça ne peut être que par pure coïncidence. Sur une chanson comme sur Deeper Shadows (ça m’a fait rire à la première écoute), OK. Mais sur un album complet ? Non, il doit connaitre en fin de compte. Après tout, pour beaucoup d’étrangers, tout ce qui est français est classe, d’accord. Mais Vladimir Cosma, sérieux ?

D’accord, il y a des titres plus classiques comme Double Talk, désabusé et assez fin, la très bonne intro JEK. Parfois ça tangente dangereusement le lounge comme Mind Like Muscle ou le n’importe quoi kitsch type Jean-Michel Jarre croisé avec la BO de la Boom et Era (le truc Moyenâgeux new age sponsorisé par TF1) comme Ikuinen Purkautumaton Jännite (ça ne s’invente pas…).

Je ne sais pas pourquoi on y revient, pourquoi on aime, est-ce grâce (ou à cause?) des réminiscences de BO d’enfances très datées, remplis de gimmick de synthés, de saxos en folie, de basses synthétiques et de bruitages très SF low cost façon Gendarmes et les extraterrestres ? (Hush Down). Il faut aussi y reconnaître un certain talent pour la mélodie. Mais bon ça ne suffit plus de nos jour ma pauvre dame.

Bref je ne sais pas encore vraiment pourquoi j’aime bien et j’y reviens, mais j’en suis sûr par contre, beaucoup vont détester grave !


Tame Impala – Currents #tameimpala



J’ai vraiment bien aimé les 2 albums de Tame Impala, j’ai adoré le concert (chroniqué dans ces lignes). Mais malgré tout, écouter un album entier de Tame Impala à jeun était un peu difficile, un peu trop expérimental, un peu trop barré, un peu trop psychédélique même si très intéressant. Donc au final on aime mais pas tant que ça. On l’enlève assez vite des playlists.

Et puis, il y a quelques mois est arrivé le premier single Let It Happen et avec lui une petite claque. Exit les guitares acides, c’est le clavier le nouveau roi. Plus doux, plus pop, mais toujours avec la même voix, la basse bien ronde et la batterie si caractéristique (d’ailleurs fun fact, le batteur vient d’Albi…). Puis en milieu de titre, ça déraille, on s’écarte de la pop classique vers quelque chose de très électro. La chanson s’étire, le vocoder apparaît, c’est planant, un peu enivrant, quand même psychédélique, comme si Daft Punk et Pink Floyd avaient fait un album commun. Bref on reconnait Tame Impala, mais ça a bougrement changé.
Et l’album est entièrement dans la même veine : moins d’acide, plus de sucre, de pop. Certains vont regretter l’arrivée des claviers en lieux et place de la Rickenbacker de Kevin Parker et de ses saillies acides, et bien moi j’aime bien. Ça s’entend fortement sur Let It Happen, mais aussi sur Past Life qui aurait pu être sur le dernier Daft Punk, mais aussi de façon générale, distillé sur tous les titres. On y trouve des titres beaucoup plus cheesy, beaucoup plus immédiats, des tubes en puissance comme Yes I’m Changing (il a écouté les Beach Boys avant ?), Eventually (Ballade au refrain hyper accrocheur (géniale), clavier façon BO de Drive), ‘Cause I’m a Man (plus RnB, mais celui des 70’s hein, pas celui de Rihanna). Il y a aussi du plus classique avec Disciple, titre plutôt Immédiat, solaire et pop, avec guitare cette fois ci. On a aussi The Less I Know The Better qui sort du lot avec son coté limite funcky.
Ça change effectivement, mais Kevin Parker garde toujours sa patte psychédélique, notamment par l’usage, peut-être un peu trop important, de l’écho sur la voix et la batterie un peu « low-fi ». On retrouve sa touche de producteur (on lui doit Melody Echo Chambers et Moodoid), ses effets mais aussi sa méticulosité. Les ambiances sont bien rendues et les claviers sonnent vraiment d’enfer !

Si pour vous Tame Impala se limite au heavy blues un peu psyché d’Elephant, vous allez être déçus. Si par contre les claviers ne vous font pas peur, vous allez être agréablement surpris par cet album plutôt audacieux qui tente le grand pont entre pop grand public et élitisme psychédélique.



mercredi 1 juillet 2015

Unknown Mortal Orchestra – Multi-Love #unknownmortalorchestra



C’est sur un air de clavier bizarroïde que commence Multi-Love. Bizarroïde, biscornu, comme son auteur. Le son parait bizarre ? C’est normal, Ruban Nielson fabrique lui-même ses claviers. Sorte de Docteur Frankenstein, mi-geek, mi hipster, il crée des instruments hybrides, injectant des composants modernes dans d’antiques synthés vintages. Du post moderne en somme, en tout cas impossible à contrefaire !

On l’avait laissé il y a 2 ans avec un album bien barré, psychédélique, un peu triste, mais avec par moment des accents soul, et bien il revient avec encore plus de mélange d’influences et un travail résolument plus dansant et joyeux.

Multi Love, le premier titre de l’album, commence donc sur un gimmick de synthé bizarre mais immédiatement captivant, la voix douce de Ruban arrive par-dessus, dans les aigus, laissant découvrir une superbe mélodie, puis rapidement le beat arrive : batterie low fi type boite à rythmes, à la manière d’Electric Guest par exemple, et une basse bien ronde, plutôt funky. Et l’album continue dans la même veine, une basse funky très Princière accompagne une batterie forte et claquante, des voix modifiées sortant d’un narguilé psychédélique, le tout avec quelques touches d’électro et de sons de clavier inconnus, des intrusions de saxo et de cuivres festifs.

Il n’y a que 9 titres sur l’album mais on y trouve beaucoup de riches morceaux assez distincts entre eux. Bien entendu il y a la magnifique Multi-Love, la meilleure chanson de l’album, mais aussi le plutôt dansant Can’t Keep Checking My Phone avec une rythmique très 80’s genre King Creole, une ligne de basse bien tendue et un chant assez soul, un autre grand moment de l’album avec ses ponts plus électro sentant bon l’Angleterre d’Hot Chip. Il y aussi la langoureuse et sexy The World Is Crowded, échappée de la fin des 70’s, Necessary Evil et son refrain 80’s, avec ses cuivres sympathiques et son clavier plutôt expérimental, Stage Or Screen, très pop psychédélique, peut-être un peu trop bricolée, mais plaisante. Avec moins de traitement cradingue du son, une batterie moins énervée et sans son solo de clavier vraiment spé, ça aurait fait une chanson toute mignonne, prête pour les tops 50, ça n’aurait pas été du Unknown Mortal Orchestra du coup… Au final il n’y a que Puzzles, la chanson de clôture qui est un peu plus hard, mais rien de bien horrible non plus.

Multi-Love est donc un album plutôt surprenant par son mélange. Il nous emmène littéralement dans tous les sens. Même si l’influence du psychédélisme est toujours là, les différentes influences sont bien moins visible qu’avant, tout est plus assimilé. C’est dans l’air du temps, le psychédélisme fluctue, évolue, il ne reste plus confiné à une imitation des Pink Floyd, cheveux longs, fleurs dans les cheveux et veste à frange en daim. Il y a du mouvement, vers l’électro mais aussi vers des territoires plus dansants, moins planants en somme. Unknown Mortal Orchestra défriche, mais il ne n’est pas seul, à mon avis le prochain Tame Impala risque d’aller dans le même genre de direction (quoiqu’un peu plus vaporeux) aux vu des titres déjà dévoilés. Comme par hasard, Ruban Nielson est Néo-Zélandais et Kevin Parker, le leader de Tame Impala vient d’Australie. Et je ne parle pas des autres australiens de Jagwar Ma. Décidément…


Alabama Shakes – Sound And Colours #alabamashakes


J’ai mis un peu de temps à écrire cette chronique car je suis resté longtemps un peu mitigé concernant cet album. Déjà je n’étais pas un grand fan du premier album, ça n’aide pas. Ensuite, cet album souffle un peu le chaud et le froid pour moi : on y trouve des chansons assez délicates, plutôt bien faites, mais aussi une sorte de heavy-soul, plus couillu. Comme du heavy blues ou du heavy rock, mais à la sauce soul. Et j’ai eu un peu plus de mal.

Bref j’ai tout de suite accroché à la délicatesse de l’intro de Sound & Color, à son vibraphone, cette voix soul et sa rythmique particulière. Don’t Wanna Fight, qui poursuit l’album annonce un peu plus la couleur avec un son plus lourdingue, on pense un peu aux Black Keys, ça passe encore. Par contre dès Dunes ça ne passait plus pour moi, le mélange ne m’attirait plus trop, un peu trop heavy. Même si le résultat est plutôt bien fait, original comme tout, je bloquais un peu. Il a fallu que j’écoute un peu plus pour finalement apprécier Alabama Shakes à sa juste valeur.

Car oui, l’album est bon, même dans ses excès de « lourdeurs » comme sur le criard Gimme All Your Love. Qu’est ce qui le sauve? Et bien justement sa finesse et sa justesse. Ce n’est jamais brailler pour brailler, dans le même titre on trouve aussi de la délicatesse, du swing, de la finesse. C’est de l’émotion brute qui explose, rien de forcé, rarement bien retranscrit en album il est vrai, toujours cantonné au live. Le tout est bien sûr accompagné d’une grande maitrise technique, au niveau du chant, mais aussi au niveau des arrangements. La production est assez ample, faisant la part belle au chant, mais aussi aux instruments plus classiques (les percu et les cordes de la douce This Feeling) et bien sûr à la percussion de l’électricité quand elle est appelée en renfort pour dynamiser (dynamiter ?) le morceau.

Donc au final, après un premier a priori négatif, j’aime vraiment bien cet album, que ce soit dans les envolées punk rock type The Greatest, dans les balades calmes comme Sound & Colour, dans Guess Who qui sonne très early reggae, tout en finesse, dans le heavy soul mentionné plus haut comme Miss You, Gimme All Your Love ou Dunes, le funk influence Prince de Don’t Wanna Fight, le heavy blues de Future People

Résolument vintage, mais avec un traitement résolument moderne, Alabama Shakes ne se refuse rien, quitte à faire exploser certaines chansons sous le poids de l’excitation comme Miss You par exemple. Ça m’a bousculé comme ça va en bousculer plus d’un.


lundi 29 juin 2015

Christopher Owens –Chrissybaby Forever #christopherowens #chri55ybaby



Revoilà la moitié de Girls, après juste quelques mois. Et c’est d’ailleurs un album surprise : pas de promo, pas de teaser, pas de com, pas de titres sortis avant. Je ne me suis pas jeté dessus, même si le premier album m’avait beaucoup emballé, le dernier, très (trop ?) country m’avait aussi vraiment usé. Je n’aime pas la country, désolé… Je m’étais fait une raison…

Mais dès la première écoute, j’ai compris que j’allais adorer cet album. On y trouve de tout, du reggae, du folk, du rock, du doo-wap, des chœurs façons camps scout, de la drogue et des amours déchus à la pelle. Toujours en équilibre, à la limite du casse gueule (on se rappelle du flutiau de Lysandre très WTF et bien entendu la country accompagnant la veste en daim à franges de la pochette du dernier album), Christopher Owens arrive à tout faire passer grâce à sincérité.Commencer l’album par une chanson titrée Another Loser Fuck Up résume bien l’esprit !

Même si on trouve plein de chansons très intéressante dans cet album c’est globalement que l’album est passionnant, dans sa diversité : doo-wap avec des paroles vénéneuses façon Velvet sur Héroïne (Got Nothing On You), reggae bon enfant avec What About Love, minimaliste avec Music Of My Heart seulement habité par la ligne de basse saturée, pop classique influence Lennonienne avec Out Of Bed (Lazy Head) très belle chanson calme avec vocodeur, folk de feu de camp avec Come On and Kiss Me, rock un peu à la Lou Reed avec Me Oh My ou Selfish Feeling ou Another Loser Fuck Up (pas ma facette préférée du personnage), rock prog avec la longue et magnifique suite Waste Away (et sa guitare saturée), Susanna (instrumentale), When You Say I Love you (un slow un peu à l’ancienne avec ses chœurs féminins bien sentis quoique naïfs) et I Love You Like I Do.

Certains me diront que c’est quand même souvent les mêmes accords et que c’est un peu simpliste. Effectivement c’est simple mais c’est là que le garçon est bon, avec si peu, il fait passer beaucoup. Tout ça grâce à sa sincérité et sa fragilité.

En tout cas, pour moi, c’est un très bel album, et comme Lysandre, il restera, je le sens même mieux parti pour durer !


lundi 15 juin 2015

Kevin Morby au Connexion Live, Mardi 9 juin 2015 #kevinmorby #connexionlive



Je me rends compte que je n’ai pas encore parlé de Tambourine Man sur ce blog. Je ne parle pas de celui de Bob Dylan, popularisé par les Byrds, mais du joueur de tambourin du groupe toulousain The Deserteurs.
On avait déjà vu il y a bien 3, 4 ans les Deserteurs en première partie d’un groupe de filles, genre glam rock à la Runaways, combi moulantes et cris aigus de série. On avait déjà été frappé par le principe du gars au milieu de la scène, en position de leader, mais qui ne lead pas, qui ne chante pas mais joue du tambourin. Bon d’accord il fait les chœurs mais c’est léger. Et encore plus frappé de le voir débarquer avec son tambourin avec le groupe de filles. Après tout pourquoi pas, elles n’avaient pas de tambourin.
J’avais un peu oublié le sujet jusqu’à mardi soir, ou les Deserteurs passaient en première partie de Kevin Morby.

Enfin en deuxième première partie, car c’est une demoiselle qui était en première partie, Weyes Blood. Guitare sèche, voix cristalline, sobre, même la raie au milieu rappelle Joan Baez. Plutôt flatteur. Ce n’est pas trop ma tasse de thé, il faut être franc, mais c’est joliment fait, superbement chanté. Un point pour la reprise d’Harry Nilsson, de bonnes références.

Après un petit set, c’est autour des Deserteurs, composés d’un guitariste chanteur, d'un batteur, d'une claviériste « clavier basse » et de tambourine man qui fait aussi les chœurs. Tambourine man est toujours au premier rang, plus en avant que le chanteur qui parle (timidement) au micro. Je ne me rappelle plus trop de leur première prestation, mais ils ont dû faire des progrès, c’est bien mieux. Le style est entre de la surf musique façon BO de Pulp Fiction, un peu de Doors renforcé par le clavier et du bon gros garage 60’s US tendance Nuggets. Ça envoie, et il faut admettre que tambourine man tape dans les temps et qu’il y a un plus. Après je suis moins fan du chant plus déclamé, mais dans le style ça passe plutôt bien. Hormis l’incompréhension suscitée par la disposition scénique, c’est plutôt sympa.


Après une nouvelle pause arrive sur scène Kevin Morby avec une chemise cowboy blanche à broderies bleues du plus bel effet, renforcé par le port du tricot de peau en dessous. La classe à Dallas… Il est accompagné seulement d’une bassiste qui fait aussi la deuxième guitare et d’un batteur.
Personnellement j’aime beaucoup Kevin Morby, avec sa voix à la limite du casse gueule, ses références assumées à Lou Reed, Bob Dylan, les Doors et les autres. Le concert prend les qualités des chansons et rajoute une bonne dose de peps : c’est plus dynamique, les guitares tranchent beaucoup plus. Quelque fois ça enlève un peu de nonchalance et de finesse comme sur Sucker In The Void, que je trouve plus intéressante en version langoureuse, délicatement venimeuse, comme du Velvet. Mais mon voisin a préféré la version plus brute servie par Kevin mardi soir. Par contre Harlem River (malheureusement perturbé au début par un larsen) profite beaucoup de cette hausse de tension, la fin psychédélique à souhait, tailladé par les saillies de la Fender Jaguar de Kevin était vraiment un grand moment. Evidemment, avec seulement 2 albums à son actif, le concert n’est pas un modèle de longueur, mais grâce à la qualité des chansons, on ne s’ennuie jamais.


Mais dites-moi donc ? Ce n’est pas du tambourin qu’on entend tout d’un coup ? ça a l’air de venir de la mezzanine… C’est dans le rythme, plutôt bien fait, mais Kevin est perplexe. D’où vient ce son? Mais c’est notre ami tambourine man qui se permet de jouer sur le morceau sans invitation. On ne saura pas vraiment si Kevin a été amusé ou agacé, mais il a souvent demandé à l’illustre tambourin de venir le rejoindre sur scène, pour jouer avec ou s’expliquer. Toujours est-il que sur la chanson finale, il est descendu jouer pendant une ou deux minutes.

Mais où est Tambourine Man?

Bizarre tout ça, et un peu sans gêne j’ai trouvé. Enfin ça n’a pas trop perturbé Kevin Morby, qui a joué au final la quasi-totalité de ses 2 albums, en un peu moins de 2 h et nous a gratifié de 3 ou 4 rappels (en fait il remontait à chaque chanson). Un concert vraiment sympa, de bonnes chansons, une interprétation différente des versions albums. Que demander de plus ?
Je suis passé le voir pour une dédicace du vinyle après le concert. Je n’ai pas tout compris vu son accent plutôt prononcé mais visiblement, de ce que j’ai pu saisir, il a beaucoup apprécié la soirée et m’a dit qu’il aimerait bien continuer sur sa lancée et venir une fois par an à Toulouse.

See you next year, Mister!