mardi 27 octobre 2015

Half Moon Run – Sun Leads Me On #halfmoonrun



Half Moon Run avait été pour moi une des grosses révélations de 2013, d’abord sur album puis ensuite sur scène. Après 2 ans de grosse tournée, de première partie de Mumford and Sons et Of Monster and Men (moins bons selon moi mais bon…), revoici nos canadiens au look 90’s improbable. Enfilons la chemise de bucheron pour retrouver au final un son très canadien, Neil Young en somme. Du moins pour les ballades folk qui peuplent de très bonne manière cet album. Car sinon on retrouve toujours un petit côté Death Cab for Cutie et étrangement Radiohead (en moins expérimental quand même). Il y a toujours cette voix particulière et son phrasé très intéressant, et toujours au service d’un son varié : indie pop classique, ballade folk calme, rock plus énervé, pop dansante virant sur l’électro pop. Même si on a l’impression que les canadiens sont cette fois ci plus à l’aise dans la ballade : Warmest Regards (géniale), Devil May Care (très dépouillée) et Sun Leads Me On sont magnifiques ; on trouve de très bons tubes dans chaque domaine avec notamment Trust, petite pépite dans un style dansant avec une rythmique superbe (leur point fort, surtout sur scène) et un synthé très en avant. Hands In The Gardens ou I Can’t Figure Out What’s Going On sont de facture plus classique et passent à la perfection (Hands In The Garden reste vraiment en tête). Du très bon.

Un peu moins tubesque que son précédent, l’album reste tout aussi varié, mais plus constant dans la qualité et donc globalement meilleur. Le son est plus clair par la disparition des guitares saturées 90’s au profit d’un peu de synthé ou de quelques effets de production bien léchés (cordes, arpèges de guitare). Voici donc un très très bon album en cette fin d’année, et j’espère bientôt les revoir sur scène !

Dans le sillage d’Arcade Fire, Half Moon Run nous prouve que les canadiens sont décidément doués pour la pop.


The Libertines – Anthems for doomed youth #thelibertines


C’est la mode des reformations outre-manche visiblement, après Blur, voici Libertines. Pour la bande à Carl et Pete ce n’est pas la première fois qu’on nous la fait, on a eu des concerts de reformation, des déclarations à la con du style « c’est pour l’argent » et même un album des Babyshambles il y a 2 ans pour Pete, pas génial mais pas commercial non plus. Donc on ne savait pas trop comment recevoir l’annonce et la sortie de cet album des étoiles filantes britonnes. Car les Libertines, c’est faire tout trop vite, cramer dès le décollage, 2 albums et l’explosion en plein vol. Alors, nostalgie malsaine ou nouveau départ pour ce nouvel album ?
Un peu des 2 j’ai envie de dire, et c’est ça qui rend le disque (un peu) intéressant. Fidèle à son sulfureux passé, les deux leaders insufflent ce qu’il faut de malsain dans les compositions de ce nouvel album pour le rendre intéressant. Bien équilibré entre balade plutôt sincère (You’re my Waterloo, Dead For Love), rock énergique à tendance très pop (Barbarians, Fame and Fortune, Heart of The Matter, Glasgow Coma Scales Blues), reggae de rocker (Gunga Din et Barbarians par moment) et ballade exigeante (Iceman). En tout cas c’est très anglais, on retrouve les influences Clash bien sûr, The Cure aussi (Heart Of The Matter et son début très Boys Don’t Cry), Kinks (Fame ans Fortune) en fait surtout très Libertines ! La diction, le mélange des deux voix, les chœurs bancals, la batterie baveuse de la cymbale et le coté pas hyper net.

Donc une petite surprise avec de bons titres comme Barbarians (un peu en dessous), le single Gunga Din, Fame and Fortune, Hear Of The Matter (une de mes préférées). En tout cas il ne faut pas snobber ce bon retour des Libertines (comme magic qui les assassine sous prétexte qu'ils n'ont pas réinventé la poudre en 10 ans, pourtant Pete y connait un rayon en poudre). En attendant la suite, cure de desintox ou succès pépère? A bit of both?

Beach House – Thank You Lucky Star #beachhouse



Ce n’est pas banal ça : sortir 2 albums à moins de 2 mois d’intervalle après 3 ans d’attente. Et d’en faire la surprise en plus ! Mais la question que tout le monde se pose c’est : Est-ce que cet album est en quelque sorte les rebus du très bon Depression Cherry ? Des chansons bonus ? La deuxième partie d’un double album ?

La réponse est simple : non, c’est bel et bien un autre album, un nouvel album.

Bien sûr on retrouve le style particulier de Beach House, ses chœurs vaporeux et sa dream pop cotonneuse. Ces 9 titres auraient pu être sur le précédent album, certes. Quoiqu’en y réfléchissant bien, cet album a un son propre, différent du précédent, plus brut, moins dans le fignolage maniaque avec un clavier beaucoup plus omniprésent. En fait c’est presque l’opposé de Depression Cherry. D’ailleurs à y penser ils auraient pu inverser les 2 noms, plus en accord avec le contenu. Car Thank You Lucky Star est plus sombre, moins poli et solaire, moins convenu, plus ambivalent donc un peu plus intéressant je trouve. Le tempo est un peu plus haut, les synthés sont aussi plus puissants comme sur les sublimes Common Girl (l’orgue psychédélique est génial !) ou All Your Yeahs et Elegy To The Void, qui penchent vers Chromatics et les autres productions du label Italian Do It Better (BO de Drive…), c’est surement la rythmique, en tout cas c’est très bon ! She’s So Lovely et son orgue omniprésent en contrepoint du chant et Majorette sont aussi très bien. Idem pour The Traveller et ses slides de guitares très guilmouriens qui répondent au clavier et le slow très 50’s Somewhere Tonight (Lana Del Rey où es-tu ?? Peut-être sur l’intro de Common Girl).

C’est donc une vraie bonne surprise : un album qu’on n’attend pas et un très bon en plus. Si avec ça Beach House n’atteint pas la renommée qu’ils méritent, je ne sais pas ce qu’il faut.

et comme cadeau, l'album est en écouta intégrale sur youtube.

Petite Noir – Life is beautiful / La vie est belle #petitenoir



Derrière Petite Noir et sa faute d’orthographe, is y a Yannick Ilunga, mi Angolais mi Belge et vivant à Cape Town en Afrique du Sud. Un paradoxe déjà. Et ça se retrouve dans sa musique plutôt oxymore : inquiétante et pleine d’espoir, sombre et lumineuse, hyper produite et brutale. C’est aussi un mélange de style improbable : beat afro, du funk, de la cold-wave tendue et un peu de hip hop, ce qu’il appelle lui-même la Noir Wave. On avait déjà eu l’EP King Of Anxiety sorti en début d’année, et bien voici l’album. On ne retrouve que Chess de l’EP, le reste est nouveau. Nouveau mais dans la même veine, à part peut-être l’incartade rap en français du titre éponyme (que je n’aime pas mais que d’autres peuvent apprécier). En tout cas, en plus de Chess, j’y trouve plein d’autres très bons titres, tout d’abord Down, vraiment excellent, mais aussi Mor dans le même style avec sa rythmique martiale à la sauce africaine et 80’s et Colour plus afrobeat classique.

Très pop, très cold wave, avec ce qu’il faut de production 80’s pour être dans l’air du temps, Petite Noir en profite pour introduire sur sa voix caverneuse des rythmes africains, tout aussi efficaces que les guitares de Foals mais bien plus authentiques. We’re not going down, repète-il dans Down, ça c’est sûr.


jeudi 1 octobre 2015

Arcade Fire – The Reflektor Tapes #arcadefire



Cela fait 2 ans qu’est sorti Reflektor, le dernier album d'Arcade Fire. Magnifique album qui n’a pas subi les outrages du temps et de statut d’album de l’année 2013 (pour moi et bien d’autres) est devenu une petite référence. A l’occasion de la sortie d’un documentaire, voici que quelques nouveaux titres pointent leur nez sur une version agrandie de Reflektor. On passera sur le coup marketing de sortir ces nouveaux titres sous format cassette audio uniquement pour se concentrer sur les titres (disponibles aussi digitalement je vous rassure).
Les nouvelles chansons approfondissent un peu le coté caribéen de Reflektor avec la très jolie balade reggae Women Of A Certain Age et bien entendu le remix dub de Flashbulb Eyes par Linton Kwensi Johnson (LKJ), maitre en la matière aussi surnommé le dub poet. Evidemment, il faut aimer, moi j’aime… On trouve aussi 2 titres qui étaient déjà sortis en 7’’ plus tôt : le rock bluesy volontairement un peu lourd Get Right et la balade un peu plus folk Crucified Again. Et enfin on y trouve Apocrypha, qui sonne très americana avec sa guitare bien métallique et le super titre Soft Power plus pop, presque Beatlesien.
Bref de très bons titres qui ont dû être écartés de Reflektor non pas pour des raisons de qualité mais plutôt de cohérence, je pense : j’ai du mal à voir entre quels titres ils auraient pu entrer. Après, il est vrai que la force de Reflektor était sa diversité.

En tout cas ne boudons pas notre plaisir d’avoir de nouveaux titres, en attendant le prochain album, prêt à 30% selon les dires des intéressés.

Allez cadeau, la totalité des titres !

Destroyer – Poison Season #destroyer


J’avoue ne pas connaitre Destroyer, c’est par hasard et grâce à mon beau-père que je suis tombé sur cet album. Une belle découverte et un objet bizarre. Tout comme Owen Pallett, son compatriote canadien, Destroyer ose des arrangements orchestraux très baroques. Il ose d’ailleurs beaucoup de mélanges. On y trouve un style et une intention très Lou Reed, avec des arrangements symphoniques grandioses, mélange de moments intimes et fragiles renforcés par le chant, et de grandiloquence orchestrale. On y trouve du rock dans le style Springsteenien sur Dream Lovers, du Jazz tendance afro sur Archer On The Beach, du plus classique avec le très bon et entrainant Midnight Meet The Rain et sa rythmique particulière, du Frank Sinatra-like avec Girl In A Sling, de la rythmique bossa (Force From Above), de la pop douce et ensoleillée (Solace’s Bride), des cuivres et des cordes très Burt Bacharach. Le tout avec une voix chancelante entre du Lou Reed et du Bob Dylan, quelques pointes de David Bowie et des élans très Paul Williams (Phantom Of the Paradise avant d’être en guest sur le dernier Daft Punk). L’album en entier est intéressant pour ce mélange avec quelques moments géniaux comme Hell (un petit résumé de l’album, génialement arrangée et délicate), Midnight Meet The Rain, la dylanienne Times Square (elle y est d’ailleurs 3 fois sous divers arrangements), The River, Bangkok (la fin géniale), Solace’s Bride ou Force From Above.

C’est particulier, ça restera surement confidentiel, dommage car il y a une vraie prise de risque.


Kurt Vile – B’lieve I’m Going Down #kurtvile



Les envies ça ne se commande pas, par exemple en ce moment je suis beaucoup plus réceptif au folk que par le passé. C’est surement dû à l’écoute un peu trop intensive de Sufjan Stevens puis de Villagers. Tout ça pour dire qu’il y a quelques années, un album comme celui de Kurt Vile serait passé à la trappe, comme son dernier d’ailleurs, j’étais plus dans une ambiance électro pop post phoenixienne.
Bref cette année je suis plus sensible au folk et ça tombe bien il y en a pas mal en moins d’un an : Outre Villagers et Sufjan, il y a Destroyer, Father John Misty, Christopher Owens, Kevin Morby, José Gonzalez, Avi Bufalo, Damien Rice, Martin Carr mais aussi dans une certaine mesure Tobias Jesso Jr et Mac deMarco. Bref ça se bouscule.
Kurt Vile s’écarte un peu du folk classique pour l’électriser et lui donner un coté plus bluesy, un peu laid back ou même desert rock, l’americana comme on dit. Ça sent les US, la Route et le sud comme sur A Outlaw ou Dust Bunnies, ou Wheelhouse (qui sonne d’ailleurs comme le Harlem River de Kevin Morby). Il y incorpore aussi quelques phrasés plutôt modernes, à la limite du spoken word, façon Only Real sur ce qui pourrait s’apparenter à une boucle (comprendre une séquence musicale plutôt répétitive) comme sur Life Like This ou sur la géniale Pretty Pimpin (génial de commencer un album sur ces vers : I woke up this morning, didn’t recognize the man in the mirror, then I left and I said « oh silly me, that’s just me »), vraiment un résultat au top pour ces 2 titres.
Il y a bien sûr du folk plus classique, comme Stand Inside ou All In a Daze Work, avec quelques ajouts électro comme Kidding Around, une boite à rythme légère sur Wild Imagination ou façon Leonard Cohen sur la ballade un peu crépusculaire That’s Life Tho. On y trouve aussi 2 instrumentales plus anecdotiques mais qui font la liaison.
Niveau production ça sonne d’enfer, surtout les guitares, le chant particulier a ce qu’il faut de reverb ou de doublage pour apporter un surplus de profondeur.
Si j’avais à faire une petite sélection, je prendrais les chansons plus originales par le phrasé ou la production : Pretty Pimpin bien sûr, mais aussi Life Like This, Kidding Around, Wheelhouse et peut être Lost My Head There mais pas sûr !
Donc voici un très bon album que je recommande chaudement, même pour ceux qui ne sont pas des fans inconditionnels de la folk et de Neil Young, Leonard Cohen ou de Nick Drake.

Je n’arrive pas à me defaire de Pretty Pimpin et c’est tant mieux !


Darwin Deez – Double Down #darwindeez


Comment peut-on avoir un look aussi improbable ? Sérieusement ? La moustache, les anglaises, le bandeau serre-tête et les lunettes 1970, c’est trop non ? Bon d’accord, le garçon est un peu barré. Sa musique aussi, une pop simple, avec des instruments cheap et une voix qui se vrille facilement dans les aigus. Ça fait quelques temps que je suis cet hurluberlu, si vous n’en avez jamais entendu parler je vous conseille d’écouter DNA, Radar Detector ou Up In The Clouds, très bons titres avec des clips plus que loufoques. Après un deuxième album que je n’avais pas apprécié, la loufoquerie prenant trop le pas sur les mélodies, cet album est celui du retour aux mélodies sympathiques et gentiment mélancoliques et attachantes, le tout avec une production moins à l’emporte-pièce. Comment ne pas succomber devant Time Machine, sa mélodie élastique et sa basse toute en rondeur ? Bag Of Tricks, The Mess She Made ou Last Cigarette arrivent aussi très bien à attirer l’attention. Evidement il y a des titres plus durs Rated R et son grunge pop n’est pas convaincant et il faut reconnaitre qu’il y a moins l’effet de découverte d’il y a 5 ans, mais ça reste agréable.

Bref un gentil album qui ne révolutionne rien mais fait plaisir.





pour le reste il faut aller sur soundcloud :
https://soundcloud.com/darwin-deez/time-machine


et pour ceux qui ne connaissent pas les albums précédents :


Beirut – No, no, no #beirut



Ça fait longtemps qu’on avait pas eu de nouvelles de Beirut, pas de la ville, mais du groupe américain très porté sur les noms de villes : Nantes, Cherbourg, Venice dans les précédents albums, et maintenant Gibraltar et Perth.
Et bien on peut dire qu’on les retrouve au même endroit. No, no, no se place dans la pure continuité de style, cette pop un peu plaintive, ce chant particulier, renforcé par une rythmique un peu laid back et des arrangements très cuivrés et chauds.
L’album commence par 2 magnifiques singles : Gibraltar et surtout No, no, no vraiment impossibles à faire sortir de la tête une fois écoutés. La suite de l’album est moins tubesque mais de très bonne facture, même si je me serais bien passé de l’instrumentale As Needed. Perth est plutôt sympathique, Fener et son changement de rythme me plait aussi beacoup, tout comme la valse So Allowed. La seule chose qu’on pourrait reprocher à cet album c’est sa trop courte durée : 9 titres ça passe vite… trop vite...