mercredi 27 juillet 2016

Metronomy – Summer 08 #metronomy


J’ai découvert Metronomy avec English Riviera, j’ai vraiment adoré cet album. Le suivant était plutôt sympa, solaire et agréable quoique moins bien, mais avait eu l’avantage de tomber une année plutôt vide en sorties. Bref je l’ai beaucoup écouté, je l’écoute beaucoup moins.

Pour ce nouvel album, on parle de retour aux sources. Aux sources d’avant ces deux albums et donc à cet été 2008 où est sorti Nights Out. Car oui, cet album est différent, moins alambiqué, peut-être moins subtil que les 2 derniers. Comme la typo de la pochette le laisse deviner on est encore dans une ambiance 70’s 80’s disco, moite et sexuelle cette fois ci. La basse est avec poutre apparente, la batterie claque, les synthés sont de sortie comme sur Miami Logic très « Flic de Beverly Hills ». La rythmique est très en avant, moins les melodies.
Et c’est ce qui me gêne un peu, comme sur le début de Back Together (et de l’album). C’est plutôt dissonant et en contraste avec la fin de la chanson plus disco et plutôt parfaite. Miami Logic dans un style différent, parait plus comme un exercice de style qu’une chanson : pas vraiment de mélodie et une production 80’s très en avant. C’est un choix, j’adhère moins.

Il reste bien sûr de très bons morceaux avec aux premières loges Night Owl, un très bon titre avec un refrain accrocheur et mélodique, renforcé par un clavier très bien vu. Il y a aussi Hang Me Out to Dry avec la participation de la chanteuse Robyn, assez entêtante. 16 Beat aussi passe superbement avec son refrain imparable. Il y a aussi le single très dansant Old Skool, avec sa basse bien en place et ses scratchs du DJ des Beastie Boys. My House sans atteindre des sommets est plutôt agréable, dans un style plus reconnaissable, avec une basse plus légère elle aurait pu être sur English Riviera.
Le reste de l’album est plus insipide : Mike Slow, Love’s not an obstacle ou la conclusion instrumentale Summer Jam sont bien, sans plus, elles passent un peu inaperçues, limite dispensables.

Alors oui, toutes les critiques ont adoré ce nouvel opus, je suis un peu plus réservé. J’adore certains titres (Night Owl, Hang Me Out to Dry, Old Skool), un peu moins l’album.

Summer 08 ne sera pas défendu sur scène, Joseph Mount en a marre de ne pas pouvoir sortir plus d’album à cause des longues tournées, il retourne en studio le plus vite possible, j’espère qu’il prendra un peu plus son temps cette fois. Ne se focalisant pas sur ses trouvailles rythmiques (si bien soit elle), et allant plus loin dans l’écriture.
 
 

Neil Young live au Zenith de Toulouse – 21 juin 2016 #neilyoung


Qu’attend-on d’une icône du rock encore en activité comme Neil Young ? Un set nostalgique ? Quelque chose de résolument moderne et en accord avec ce qu’il fait de nos jours ? Un peu des 2 ?
Le vrai problème avec Neil Young, c’est que sa carrière est plutôt en dents de scie, il y a des albums magnifiques, de bonnes bouses, du folk, de la country, du rock bien crade, des expérimentations plus électriques. Bref à boire et à manger.
Moi, perso j’espérais surtout avoir du Harvest. En me disant que j’allais être très déçu.

Alors évidement quand il entre sur scène seul et commence au piano After The Gold Rush, la magie opère. D’autant plus que malgré ses 70 ans il garde cette si belle voix, c’est tout bonnement impressionnant. Beaucoup d’émotion, une interprétation fabuleuse. Et ça continue pendant ½ heure, seul sur scène, il enchaîne Heart of Gold et The Needle and the Damage Done avec sa vielle Martin cabossée. Magnifique. Il passe ensuite seul sur un orgue, pas un orgue électronique, non, un vrai orgue avec des tubes et compagnie pour sortir Mother Earth (Natural Anthem) pendant que des figurants en combinaison bactériologique aspergent la scène de fumée.
Le groupe arrive, le set devient plus viril. 3 guitares : une Stratocaster très américana/country, une Les Paul pour la rythmique un peu baveuse et Neil qui enchaîne entre sa Martin, une Gretch électro acoustique (avec une rondeur affolante, parfaite sur Walk On) et majoritaire une Les Paul. Toutes ses guitares ont de la bouteille, ça se voit. Sa pédale d’effets est aussi hors d’âge, surement bricolée par lui-même. Le piano baltringue refait son apparition sur quelques titres. S’ajoute à cette orgie de cordes, une basse bien en place, des percussions et une batterie métronomique mais appuyée. Et bien sûr de temps en temps son harmonica. Il n’y a aucun appareil numérique, tout est analogique et ça se sent : les micros d’époque des guitares bavent ce qu’il faut, on reconnait le son de chaque instrument et on voit son utilité. On est bien loin de la musique « aseptisée » avec boucle, synthé et boite à rythme.
On voyage pas mal entre les époques, entre des titres du début comme Cowgirl in the Sand, qui s’étire en combat de guitare pendant que la basse tient la mélodie à merveille. Bien sûr Alabama envoie ce qu’il faut et fait chanter toute la salle. Walk On et sa nonchalance passe bien, mais les prémisses du chaos commencent à se faire sentir. Plus on avance dans le concert plus la Les Paul est de sortie. Ça distord grave, les morceaux n’en finissent plus, les guitares pleurent méchamment et non gentiment. L’apothéose apocalyptique arrive avec les titres de son dernier album Monsanto Years. En tout cas on comprend bien le message : c’est la fin du monde. On ressort de ce chaos un peu épuisé, après tout le bonhomme a joué pendant 3h, sacrée performance.

Epuisé, mais aussi plutôt perplexe, autant le rock apocalyptique tout en saturation et triturage de guitares, c’est vraiment dur, autant la pureté de son folk, la bonhomie des chansons type country, les vieux titres en somme, sont vraiment géniaux et valent à eux seuls le déplacement. Et surtout, Neil Young n’a rien perdu avec les années, ni la hargne des expérimentations musicales, ni sa voix et son jeu si émouvant. Bon évidement on aurait aimé avoir un peu plus d’émotion, avec pourquoi pas Harvest, Hey Hey My My et surtout Old Man.

Mais quel moment de grâce que l’intro de the Needle and the Damage Done ou Heart Of Gold…

mercredi 6 juillet 2016

Parquet courts – Human Performance #parquetcourts



J’étais peut-être un peu trop « pop » pour apprécier l’immédiateté de Parquet Courts. Disons que ça c’était avant ce cinquième album (en 5 ans).
Pourquoi ? Tout simplement parce que ce Human Performance est un peu plus pop, plus léché, moins brutal, plus abordable donc. Il reste toujours des envolées dignes des Ramones, je vous rassure, mais pas que.
On ne va pas non plus dire que c’est un album minutieusement peaufiné, ça sent toujours le live, la sueur, la bière renversée, la pisse et le salpêtre. Un bar pourrave, oui, mais un bar New Yorkais, le CBGB quoi. Car les influences sont évidemment new yorkaises (comme la terre d’adoption du groupe) : Television, Ramones, Velvet, Feelies, Jonathan Richman and the Modern Lovers. Et je ne parle volontairement pas des Strokes, trop commerciaux pour ces punks qui n’ont pas que le parquet court.
C’est donc plutôt rock, punk sur les bords comme sur Two Dead Cops, psychédélique, expérimental et venimeux dans ses envolées très Velvetienne comme sur Dust et surtout sur One Man One City qui se permet des guitares velvetiennes sur un air de bango. C’est Surf rock et plutôt sixties sur Berlin Got Blur, ou sur Pathos Prairie dans un style Modern Lovers. C’est plutôt pop aussi, comme sur Outside, très Feelies, sur Human Performance, sur la traînante Captive Of The Sun, sur Keep It Even, du Television à la guitare classique. Cet album aurait pu sortir en 78 si on retire quelques boites à rythme dispensables.
Vous me direz, houlala c’est très référencé tout ça ! Ils ne font que copier.
Certes. Niveau style ça n’invente rien. Mais c’est très bien écrit, avec ce qu’il faut de mélodie, production (un peu mais pas trop), mais surtout de spontanéité, de désinvolture et de fraîcheur pour que ça paraisse nouveau.

Tout est dans le dosage, ici le résultat est juste, et c’est une très bonne surprise.

lundi 4 juillet 2016

Jil Is Lucky – Manon #jilislucky


« Ça fait des mois que je n’ai plus de nouvelle d’elle,
Signalement : petite blonde, un soixante et quelque »

Voilà comment commence cet album concept gainsbourien de Jil Is Lucky. Et ça change (encore) de l’album précédent.

Après la folk-pop arrangée, un peu world avec cuivres du premier album, la pop synthétique joyeuse avec paroles tristes de In The Tiger’s Bed, voici le concept album en français.
Car oui c’est un album concept, sans réel tube (même si certaines chansons restent plus en tête), qui raconte une histoire, à l’image de l’homme à la tête de choux, inspiration avouée qui transpire dans tout l’album : orchestration synthétique et classique plutôt grandiloquente, le coté synthé seventies, le thème de la petite jeunette, le phrasé et les paroles salasses avec allitérations en S de sssérie. Maintenant il faut se détacher de cette référence si on veut apprécier l’album car on ne peut égaler le maitre, personne n’oserait être aussi cru à notre époque si conformiste, surtout dans une langue qu’on comprendrait !
Au cours de ces 11 titres, Jil nous raconte donc une histoire d’amour passionnelle, qui sent le vécu, forcement romancée dans le mauvais sens, sordide (du moins j’espère pour lui !). L’histoire de Manon et lui, racontée à la première personne. La rencontre, le sexe, l’incompatibilité, la tromperie, l’acceptation de la rupture. On y trouve une écriture particulière, plutôt en détail de la relation entre lui, et la fougueuse DJette parisienne d’origine japonaise. Niveau musique, on continue dans la même veine électro pop du précédent album avec un renfort important de son 8 bits, surement pour donner un côté « Nintendo » en rapport avec les origines asiatiques de la muse imaginaire. Et ça rend plutôt bien. Le tout laisse planer une ambiance à la Owen Pallett (BO de Her par exemple). Ça donne un coté cinématographique à la chose, ça me fait penser à Pégase aussi. C’est particulièrement marquant sur l’instrumentale Chip Romance. Car oui musicalement il n’y a vraiment pas grand-chose à redire.

Par contre, le côté variété française de certains titres, surtout quand ils sont pris séparément, peut rebuter. La voix plutôt susurrante et les textes un peu racoleurs aussi. Et je ne parle pas du côté « Gainsbarre sans sucre ».
Mais au final ce qui me choque le plus, ce n’est pas ce qu’est l’album mais plutôt que ce qu’il n’est pas : le successeur de In The Tiger’s Bed. 
Où est le groupe qui m’a fait vibrer en live ? Où sont les chœurs magnifiques (sa voix et celle de son frère s’accordent à merveille) ?
Moi aussi il faut que je fasse le deuil de cette période révolue et que j’accepte ce nouvel opus, parce qu’il est quand même intéressant.
J’espère malgré tout que ce ne sera qu’une aventure sans lendemain et sans avenir dans l’histoire de Jil, comme cette relation avec la petite Manon en sorte. 

Et si vous êtes depuis un smartphone et que vous voulez avoir l’air d’un con pendant 10 min, vous pouvez visualiser ce film en réalité virtuelle 360°