mardi 14 février 2017

Her, un nouveau groupe français qui ne manque pas d’attrait


Le 8 février dernier, en allant voir Talisco, je suis tombé sur le groupe Her, qui passait avant Talisco. Et j’ai été très impressionné par ces petits nouveaux !



En bon élève, j’avais écouté un peu leur EP avant d’aller les voir et en particulier leur single Five Minutes. De l’électro pop plutôt bien faite, une basse assez tendue et une voix intéressante. L’EP est plutôt sympathique mais ne témoigne pas du potentiel impressionnant du groupe. Le live a apporté plein d’autres choses. Déjà ce n’est pas une mais deux voix intéressantes. En plus du chanteur de Five Minutes, on trouve dans le groupe un autre chanteur à la voix encore plus impressionnante, avec énormément de soul. Et cela ouvre des perspectives. Car la prestation live n’était pas qu’électro pop classique, par sa voix et la basse ultra solide, un peu de soul, de funk et de blues font leur entrée dans la musique du groupe. J’ai hâte de les voir exploser dans ce registre, enfin j’espère.

En plus de nouveaux titres, pour conclure leur set, Her se sont lancés dans une reprise du maitre de la soul Sam Cooke avec A Change is Gonna Come, réalisé parfaitement, avec beaucoup d’émotion, un très grand moment. Et quand on voit ce genre de référence, on ne peut qu’être confiant pour l’avenir de Her.


leur "tube" :




La reprise en question :


Et en prime une vidéo un peu osée avec des seins...


Talisco – Capitol Vision critique d’album et concert #talisco


3 ans après Run, Jerôme le Bordelais est encore plus à l’Ouest, il a traversé l’Atlantique, arpenté les étendues américaines avant de se fixer vers L.A., du moins pour l’enregistrement de son 2ème album, composé sur la route.
Et ça se sent. Plus rock, Capitol Vision sent l’asphalte et la poussière du désert. Rassurez-vous, on y trouve aussi les petites perles électro pop ultra accrocheuses dont il a le secret et qui feront la joie des publicitaires hexagonaux. 
Synthé, faux cuivres, rythmique percussive, Thousand Suns commence fort, et continue dans de l’ultra pop, tout comme le single Stay (Before The Picture Fades) qui nous refait le coup de Your Wish avec le titre qui ne sort pas de la tête, entrainant en plus avec sa rythmique un peu tribale enjouée. The Martian Man creuse le sillon de la pop nordique tendance Of Monster and Men. Le pont et le mantra “I see the dust falling and shining on my face” est particulièrement accrocheur.
Pour le coté rock, on s’aventure jusqu’en terre punk avec le très MC5 Loose ou le très année 2000 The Race qui navigue entre le Cassius de Toop Toop, Block Party et un vieux REM, le tout arrangé avec un orgue d’église piqué à Justice.
Pour le reste de l’album, on retrouve le désert rock avec distorsion déjà présent dans son précédent album, chants et vocalises, rupture de rythme emphatique et percussions assez lourdes avec tambour comme sur A Kiss from LA ou Monsters and Black Stones.
Pour conclure, Talisco garde sa patte, son phrasé, son immédiateté et le son très américain qui le qualifiait déjà, mais muscle son jeu. Plus fort, plus urgent, plus rock, plus dansant. Surement, pour se préparer au passage au live sur des scènes plus importantes.



C’est d’ailleurs ce qu’on a pu constater ce 8 février au Connexion pour le premier concert de la tournée dans une salle assez conséquente, devant près de 2000 personnes venus pour la soirée « Curiosités du bikini » à prix attractif.
Je ferai un article spécifique sur Her, autre groupe vu avant Talisco, qui m’a particulièrement impressionné.
A première vue rien n’a changé, ils sont toujours 3, la disposition est la même : batterie à gauche, « Jérôme Talisco » au milieu et le bassiste/guitariste/percu/clavier à droite. Mais ce n’est qu’à première vue. Même si on avait déjà senti dans la petite salle du Connexion la potentielle puissance du groupe, on a ici la démonstration. 
Ça envoie. 
Quitte à laisser en route une partie de la finesse esquissée sur le disque. Ça passe en force et ça joue à fond la carte de l’énergie. Et pour envoyer à seulement 3, il faut s’y atteler, et on ne peut pas dire qu’ils y aillent à moitié : ils se déchainent grave.
En plus, les derniers titres sont déjà modifiés et augmentés comme le single Stay qui est augmenté d’une partie électro plutôt entrainante et impressionnante. 
Le manque de finesse m’a quand même gêné. Plus que la fois ou je les avais vus dans une petite salle, peut être que le volume plus fort y est pour quelque chose. Le son est ample et un peu baveux, la distorsion de la guitare et les beats un peu flous viennent par moment noyer le tout dans une bouillie ou les instruments et la voix ont du mal à se distinguer. Tout le monde ne trouve pas sa place. C’était flagrant sur Thousand Suns trop approximatif.



J’espère que ce ne sont que des réglages imputables à la première date et à la découverte de plus grandes salles. 
En tout cas, l’intention est là et elle est communicative, la salle a bien suivi, ça bougeait, ça reprenait les classiques du premier album et même les chansons les plus universelles du nouvel album. Après tout, la finesse c’est pour les studios pas pour le live.





The XX – I See You #thexx


Le climat de l’Angleterre, surtout en cette période hivernale, semble plutôt propice à la musique déprimante. Des Smiths aux Cures en passant par Joy Division, Radiohead, Belle and Sebastian mais aussi plus récemment The XX, un bon nombre de groupes anglais plonge dans le spleen et les murs dégoulinants de tristesse et de ce crachin qui trempe les os et les esprits. Et en plus la bière n’est pas fraiche !
Sur ses 2 premiers albums, The XX avait récolté la palme du mal-être de cette fin de première décennie du millénaire. On ne peut pas dire que ça sentait la joie de vivre dans leur pop rock aérienne, descendue en flamme à coups de canon de DCA.
J’avais beaucoup aimé le premier album (surtout Chrystalized) beaucoup moins le second, moins mélodique, plus sombre. Un avis personnel bien sûr. J’avais même été surpris à la sortie de In Colour du tiers du trio, Jamie XX, un album justement coloré, avec des rythmiques enjouées et des chansons tubesques comme Loud Places. Du coup j’ai un peu plus guetté l’arrivée de cet album de The XX. Et force est d’admettre que l’album solo de Jamie XX a énormément influencé The XX. Les beats dance et house, déjà pas mal popularisés dans la pop musique par Disclosure, continuent ici leurs intrusions, les guitares ont dû laisser de la place à de nombreux claviers et la lumière est (un petit peu) entrée dans la composition des chansons de The XX.
I See You commence en fanfare, par des cuivres entêtants justement, et une basse ronflante plutôt RnB, ça envoie grave et ça reste en tête.
Mais ce qui transparait surtout c’est vraiment le parti pris plus lumineux, plus léger dans la forme, plus pop. On y croise 2 titres étonnamment pop comme Say Something Loving ou On Hold, quelques cocottes de guitare surprenantes pour The XX dans l’électro pop très sympathique et propre de Replica. Dans le même élan mais en plus lent, plus Beach House (boosté avec quelques percussions et un break de basse génial), Brave For You est aussi très bien. La popification du propos ne réussit pas toujours, par exemple Test Me ou Lips ne m’inspirent guère… Enfin, c’est peut-être plus la chanson elle-même que ce qu’on en a fait. En plus inclassable, j’aime bien aussi A Violent Noise, à la frontière de la dance music sans jamais y rentrer, un équilibre subtil superbement dosé avec un clavier légèrement vintage avec une guitare en superposition. Et pour les inconditionnels de The XX ancienne version, vous pourrez vous consoler avec Performance.

Pour conclure, je dirais que The XX essaie avec cet album de séduire, et pour ma part la démarche est réussie. En ajoutant de la lumière dans leur composition, ils évitent l’écueil de se répéter. L’apport de la production de Jamie XX est assez impressionnant et renforce énormément des compositions déjà bien charpentées. Bref un très bon album pour commencer l’année !