jeudi 6 février 2014

FAUVE – VIEUX FRERES PARTIE 1





L’année dernière arrivait une vidéo sur YouTube avec quelque chose de nouveau, instrumentalement plutôt ancré dans les 80’s des Smiths avec un beat plus appuyé, mais avec par-dessus du slam, quelque chose de violent, décrié, profond, sincère, touchant. C’était KANé, c’était FAUVE. Et puis on a écouté ST ANNE, tranche de vie d’une génération, on s’est tout de suite reconnu dans ces loosers qui n’arrivent pas à draguer dans les afterwork, qui se sentent mal dans leur boulot, dans leur pot alors qu’ils ont tout pour aller bien, qui aimeraient gueuler parce que la bière est trop chère et qui reviennent dans le même bar le lendemain. Encore un pied dans le monde du boulot, on sent les lendemains difficiles au taf suite à un concert tard dans un sombre bar parisien. Puis on a écouté NUITS FAUVES, toujours dans le mille, toujours cette façon de décrire la nuit, la loose de la plus belle des façons. Construit un peu comme une thérapie intime pour les membres du groupe, le traitement FAUVE se propage à la France.

Puis est arrivé l’EP, BLIZZARD, dans la même veine, avec ses clips faits main et son road trip en 103 à Antifer, rien de bien nouveau au final, toujours la même manie d’écrire les titres EN MAJUSCULES, de ne pas se montrer, d’utiliser le signe « diffèrent ». Une confirmation donc, et un bel EP. Presque un an a passé, de micro phénomène, FAUVE est passé au statut de hype, de truc à voir. Résultat : complet partout, plus de place au Bikini pour se faire une petite idée mardi prochain…

Et voici donc VIEUX FRERE PARTIE 1, toujours en majuscules, avec donc une suite annoncée.

A l’écoute, peu de choses ont changées, on reprend la même formule : textes agressifs, désabusés, premier degré, qui sortent des tripes. Guitare sensible et beat électro, un peu hip hop. On se retrouve rapidement à la première écoute avec le sentiment d’avoir peu de nouveautés au final : le chant scandé donne une certaine monotonie qui, si le texte ne sort pas du commun, ne va pas bien loin. Et voici peut être le gros point faible de l’album : la redondance, 3 chansons sur la rédemption (DE CEUX, LOTERIE, JEUNESSE TALKING BLUES) avec le même genre de structure : constat qu’on vit dans un monde de merde que nos vies sont bancales puis nique le blizzard, on va s’en sortir (ça me rappelle une autre chanson tiens…). On sent très bien la thématique de la sortie du tunnel, appuyée par les morceaux RAG, plus autobiographiques, mais je pense qu’il aurait été mieux de faire évoluer les chansons du sombre vers la lumière que de faire cette évolution dans quasiment chaque chanson, ça aurait peut être donné une structure différente.

Alors oui les thèmes musicaux sont différents -et vraiment sympa- mais même eux gardent la même structure, calme avec guitare en arpège quand il n’y a pas de parole et beat plus rapide avec guitare en accord pendant le chant.

Mais après tout, ça ne fait qu’un an qu’ils ont commencé et c’est leur premier album…

Les chansons d’amours (INFIRMIERE, avec sa partie chanté à la Thomas Fersen, sa musique super belle et LETTRE A ZOE) sortent quant à elles vraiment du lot, plus touchantes, apaisées.

Pour conclure, Je reste un peu sur ma faim. Ce n’est pas que ce soit mauvais, mais c’est moins original, on y trouve moins d’humour caustique, moins d’immédiateté, de petits détails qui font sourire. Je vous rassure il reste quelques tranche de vie savoureuse (la peur de la drague dans INFIRMIERE, le pétage de plomb dans le resto de VOYOU, les détails savoureux de JEUNESSE TALKING BLUES ou de LOTERIE. Mais c’est globalement plus distancié. On partage moins car on est plus des trimards que des musiciens, comme si le fait d’avoir quitté le monde du bureau pour le monde de la musique a formé une barrière entre eux et nous. Mais après INFIRMIERE, LETTRE A ZOE, LOTERIE me touchent particulièrement, VOYOU ou JEUNESSE TALKING BLUES même si elles me plaisent moins sont aussi assez magnétiques.

Cela me fait un peu peur pour l’avenir : vont-ils pouvoir aller plus loin, parler d’autre chose que d’eux, car aussi intéressante peut être leur vie, à 10 chansons par album, on va vite avoir fait le tour…

Mais j’ai toujours envie de croire en eux, et il y a tellement de sincérité et d’engagement dans ce qu’ils font qu’on ne peut qu’être admiratif.


Maintenant que dire de cet album ? Si vous n’avez pas accroché aux précédents titres, je ne pense pas que ce soit la peine de s’attarder, si vous avez adoré, bah vous avez déjà tout écouté. Et pour les indécis qui aiment sans aimer, accordez leur 45 minutes d’attention, au casque et en écoutant bien tout.

On le savait déjà, FAUVE ce n’est pas de la musique d’ambiance.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire