Après avoir fait un tube sans parole, un album qui parle de Politique, un album qui parle de cul, participé à l’Eurovision, de s’être pris pour un Gourou qui mange des Pépitos Bleus, la nouvelle trouvaille de Sébastien Tellier c’est de se réinventer une enfance au Brésil. « Et quitte à se réinventer une enfance, autant le faire au Brésil plutôt qu’en Allemagne » comme il le dit si bien.
J’ai toujours eu de sérieux doutes sur la santé mentale du barbu, surtout après l’avoir vu en concert, mais ça y est j’en suis sûr : ce mec est complètement fou ! Il ose tout : des arrangements grandioses, des cordes à la Burt Bacharach, de la bossa nova de poche type Bamba Triste sans moustache et après-ski, des paroles citant les cités d’or, son doudou Oursinet, d’utiliser le mot bite sans faire du rap, des transgressions progressistes de plus 14 minutes (et les réussir), des flirts variétoche plus ou moins excusables, des scies musicales avec double dose d’arrangements de cordes bien dégoulinants comme une glace italienne a Gruissan, du sax et de l’afro beat pas revu depuis la BO de Marche à l’ombre, du disco et des claviers enviés par Kavinski ou du spoken word gainsbourien avec double écho. Le pire c’est que tout fonctionne et parait même cohérent.
Vous l’aurez deviné c’est très Bossa (mais version vue par un européen), très 70’s, très synthétique, très musique de film 70’s (ça me fait penser à la BO de La Chèvre avec Pierre Richard par moment), très produit aussi (Zdar et lui-même aux potards). Entièrement en français, Sébastien convoque dans ses souvenir d’enfance inventés des fantômes de son enfance à lui : les 70’s. On y croise Gainsbourg bien sûr (le spoken word de Ricky l’adolescent, la tête de Choux n’est jamais très loin, comme sur My God Is Blue et ses coiffeurs pour dames d’ailleurs), mais aussi Christophe, Polnareff (on entend Holidays sur L’Amour Carnaval), Michel Legrand et Jean Michel Jarre aux claviers.
Le tout nous propose une sonorité très datée, très kitch, funky avec basse en avant et synthé apparent, mais en même temps très moderne, paradoxe…
Les scies musicales tendance varietoche world comme Sous Les Rayons Du Soleil et Ma Calypso, un peu lourdes en cordes et en miel laissent la place à des morceaux plus sympathiques comme Aller Vers Le Soleil (avec ses empilements de nappes de synthé et son coté Michel Berger) et L’Adulte (et son histoire de cité d’or et de grand condor, madeleine de proust par excellence de tout gamin né entre 75 et 85) même si toujours très connotés « variété ». On y trouve aussi des ovnis comme Ricky l’Adolescent et ses paroles hallucinante et hallucinée : « j’ai envie de tirer, je vais lui tirer dans la bite, je vais lui faire mal » Et bien sur Comment Revoir Oursinet ? Fresque rock prog de plus de plus de 14 minutes. Un croisement entre du Gainsbourg période Mélodie Nelson, de la bossa cheap et synthétique, du Pink Floyd des grandes épopées (Echoes n’est pas bien loin). C’est osé et j’adhère !
Alors au final que penser de tout ça ? Le kitch, le rance et la variété l’emportent-ils ? Pas tout le temps, et c’est là pour moi la force de Sébastien Tellier. La finesse de la production, l’audace, les mélodies finissent par prendre le dessus sur le lourd poids des influences peu avouables de l’auteur. Tout comme Gainsbourg en son temps, toujours sur le fil, équilibriste au bord du gouffre du mauvais goût.
Alors j’ai envie de mettre Love, Aller Vers le Soleil, L’Amour Carnaval et L’Adulte sur ma playlist, sans trop l’assumer quand même. Et pourquoi ne pas garder Comment Revoir Oursinet ? pour quand j’ai 14 minutes de tranquilité, une caïpirinha à la main.
Todo Bon !
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