vendredi 13 avril 2018

Her - her #her

 
Je les ai découverts sur scène et j’avais été bouleversé. Her a vraiment quelque chose de spécial, de grand. Ce mélange de soul, d’électro, de sensualité, de classe et de minimalisme m’avait fait penser que j’assistais à un moment rare, à la naissance d’un grand groupe qui marchera forcement à l’international. Et il y avait la voix de Victor Solf, impressionnante, très soul, dans un style très Al Green, voir Sam Cooke (sa reprise de A Change Is Gonna Come donne des frissons) caché dans un physique de grand gaillard blanc. Et je ne m’étais pas trompé, les premiers EP ont bien marché, ont traversé l’atlantique, promus par Pharell Williams himself, un titre a été utilisé pour une pub Apple. Bref c’était parti ! Et puis l’année dernière, le coup de tonnerre, la moitié du groupe (disons l’un des 2 compositeurs) Simon Carpentier décède d’un cancer à seulement 27 ans. Fauché en pleine ascension…
Et c’est maintenant que sort ce premier album, commencé à 2, finalisé tout seul par Victor Solf l’autre moitié de Her.
Alors pour qui connaît Her et tous ces précédents EP, il trouvera pas mal de titres connus : Five Minutes, Blossom Roses, Quitte Like et Swim sont sur l’album. Du coup cela rend l’album moins surprenant et plus en terrain connu.
Mais comme l’album fait 14 titres (avec les 2 bonus tracks), en fait ce n’est pas gênant. D’autant que ces titres sont géniaux et s’accordent parfaitement avec les nouveaux, faits en duo ou en solo (les 2 « bonus track » ont été enregistrés après le décès de Simon Carpentier).
La chanson d’ouverture We Chose et son début a capella, qui m’avait déjà happé sur scène, nous fait entrer merveilleusement dans l’album. Five Minutes enchaine dans un registre plus pop (vous connaissez forcement la chanson, c’est celle qui a été utilisée pour une pub Apple). Blossom Roses est toujours aussi captivante, entre soul et électro, tout comme Neighborhood qui creuse encore le sillon, un des grands moments de l’album. Quite Like et Swim font toujours le job, Wanna Be You apporte un coté RnB dansant, très début 2000, on pense à United de Phoenix. On & On se tourne vers le rap en invitant Romeo Elvis, ce n’est pas forcement ma came mais ça passe bien. Good Night et For Him sont tout en délicatesse, en minimalisme, en un mot : touchantes. D’autant plus touchant que plane sur tout l’album la mort de Simon. Décédé avant la fin de l’enregistrement et de la production (que Her font eux-mêmes).
Rarement on a vu un album de ce niveau d’exigence en France : production au top, électronique mais organique, capacités vocales, sens de l’épure et de l’espace. Les chansons respirent, sont en équilibre à chaque claquement de doigt.
Bref si vous connaissez Her, vous avez déjà adoré cet album, si vous ne connaissez pas, vous allez adorer. J’ai vu qu’ils passaient en octobre à Toulouse, j’ai déjà hâte, et j’espère sincèrement que Victor Solf saura tenir la barque sans son compère et que ce premier somptueux album ne soit pas le dernier.

 

 
 
 
Un petit Bonus, Victor Solf a repris seul Five Minutes, donc une version différente de l'album



 

 

Crepes – Channel Four #crepes


Alors je vais la faire tout de suite comme ça c’est fait : c’est la chandeleur donc Crepes nous sort un album.
Ça c’est fait. Allez, on commence.

Sur le label « les disques de Jacques », je vous présente Crepes. Ils ont tout pour plaire à mon beau père : c’est pop, il y a des harmonies vocales, de belles mélodies et pour couronner le tout, ils posent en haut des escaliers dans une posture on ne peut plus Beatles sur la couverture de channel Four.
Et il faut reconnaître que c’est un bon album. Classique certes, mais très bon. Le groupe est australien et ce ne sont pas spécialement des manchots car Crepes est en fait un supergroupe composé de membres de King Gizzard & The Lizard Wizard et The Murlocs.
Sur une base classique qu’on pourrait classifier de psychédélisme fin 60, Crepes insuffle un peu de pop folk plus classique avec guitare en arpège et surtout une bonne dose de mélancolie. On pense tout de suite à Real Estate, devenu les experts de ce type de mélange. Le disque entier est assez plaisant et réserve quelques morceaux qui attirent l’oreille, bien sûr l’ouverture très classique 9-5 Summer Breakers mais aussi la plus rythmiquement appuyée Tough.

Pour conclure ça ne révolutionne rien, mais c’est bien fait, alors on passe un très bon moment à l’écoute de Crepes.

O – Un Torrent La Boue #O


Voilà un bel oubli. Un album sorti début 2016, donc il y a plus de 2 ans, et que j’ai découvert cet automne grâce à un article de Magic, et qui tourne beaucoup depuis.  Par Magic, mais aussi grâce à Bon Iver et ses copains de The National qui l’avaient invité sur un festival ultraconfidentiel à Berlin. Quand on a ce genre de connaissances, c’est qu’on fait quelque chose de plutôt bien !

Oliver Marguerit, alias O, est français, il chante en français et en anglais suivant ce qui lui vient et le niveau d’intimité avec le texte (c‘est lui qui le dit) et il pratique la pop. Une pop sophistiquée, harmonique, très produite, avec ce qu’il faut de cordes, d’harmonies et de nappes électroniques.
On parle beaucoup de nature, on file la métaphore picaresque, comme dans « le tube » La Rivière et sa très belle mélodie. On parle d’amour, murmuré tout en douceur comme dans Bebi qui se termine en virée électro. On retrouve des textes en français à l’incompréhension poétique proche des Innocents, et des textes plus classique en Anglais. On parle aussi crument de sexe (et on finit en orgasme) sur A Kiss (OK au final assez classique comme thème). Mais surtout il n’hésite pas à aborder un thème très peu présent dans la pop : la guerre sur le champ de bataille avec Un Torrent, La Boue, une première en français mais qui peut faire écho à Butcher’s Tale des Zombies. Cette chanson vaut à elle seule l’album, avec sa mélodie douce sa montée en puissance, sirènes de Stuka et son explosion finale avec effet de blast et d’assourdissement en prime. Une belle plongée sensorielle. 

Ce qui impressionne dans cet album c’est la facilité des mélodies pop associée à l’exigence des arrangements. Ça a l’air ultra simple, limpide comme l’eau mais c’est ultra complexe, assez fascinant en somme.
Un magnifique album à découvrir absolument (même avec 2 ans de retard !)