vendredi 30 mars 2018

Concrete Knives - Our Hearts #concreteknives



Le collectif normand est de retour pour un deuxième album dans la même veine que le précédent opus mais plus travaillé.
On y trouve toujours cette excitation collective un peu foutraque, le chant choral, les influences africaines, notamment sur les premières chansons de l’album (Bring the Fire et The Light, plu) mais en bien mieux produit que précédemment.
L’album est coupé en 2 par Babies, une instrumentale assez calme et délicate. A partir de ce moment, le tempo diminue, le chant devient plus délicat, on trouve un peu plus de finesse, comme sur la très bonne Sometimes, des basses synthétiques, très soft cell comme sur la très bonne The Quiet Ones.

Clairement cet album est charnière, on y voit la mue d’un groupe qui quitte l’euphorie du début vers quelque chose de plus réfléchi et mélodieux. On ne peut que s’en réjouir !


Albert Hammond Jr. – Francis Trouble #alberthammondjr #thestrokes


Je fais partie de ceux qui attendent toujours un album des Strokes. C’est peut être sans espoir mais bon, le dernier EP m’avait redonné ce qu’il faut pour patienter (Threat Of Joy tourne toujours beaucoup…). Alors on se prend à rêver.
Bien sûr, j’ai suivi les incartades solos des Strokes, avec un gros faible pour le Little Joy de Fab Moretti. Le reste était bien mais bon... Julian Casablancas a sorti un premier album honnête, un album « trop » pour moi avec the Voidz et pour le prochain on va voir (c’est pour bientôt et Leave It In My Dreams me fait espérer). Et donc Albert Hammond Jr avait sorti pas mal d’albums plutôt honnêtes mais pas fabuleux, à l’exception peut-être de l’EP AHJ.
Et là sans trop y prêter attention Albert sort Francis Trouble, un album plus rock, moins propre que le précédent. Plus Strokes en somme. Une petite bombe. Remplie d’énergie, de guitares qui se répondent, de belles mélodies, d’un côté CBGB déjà repopularisé par les Strokes.
On ne peut pas écouter Far Away Truths sans se dire que c’est du Strokes avec le mauvais mec qui chante et je ne parle pas de Set to Attack qui semble avoir été écrite pour la voix de Julian. Mais qu’importe car l’album est génial et certains titres jouissifs, Muted Beatings est fabuleuse, Screamer et son stoner rock avec des youhou est accrocheuse comme jamais, Rocky’s Late Night est à mettre dans le même panier.

Alors oui, on peut se dire "quel dommage de sortir ces titres en solo plutôt que de les garder pour un album des Strokes", mais on peut aussi se dire que Francis Trouble est un excellent album et qu’Albert Hammond Jr s’y exprime pleinement.


Whomadewho – Through The Walls #whomadewho


Voilà le retour des électroniciens nordistes, après 4 ans d’attente. On reprend les choses où on les avait laissées avec ce mélange d’électro et de vrais instruments, de froideur numérique et de chaleur humaine et analogique. Et ce nouvel album est très réussi tout comme le précédent. Tout démarre avec la géniale Neighbourhood, d’une finesse rare qui nous attire directement dans l’album. On notera aussi la superbe Goodbye to All I Know, dans un style proche d’Hot Chip, pour moi leur meilleure chanson. I Don’t Know fait aussi partie des grands moments de cet album. A côté de ça les autres titres ne sont pas en reste, la très électro Keep On ou If This Is Your Love (qui me fait penser à du Griefjoy), Crystal et son orgue, Dynasty plus conventionnel et un brin eighties. On y trouve aussi un petit ovni pour le groupe avec la balade Surfing On A Stone, on pense carrément à du Coldplay première période (disons A Rush of Blood). En fait il n’y a que Through The Walls qui donne son nom à l’album que je ne trouve pas top. Peut-être trop mainstream.

Bref, voici un très bel album qui ne se vautre pas dans la facilité et propose une électro pop sensuelle et tendue, glaçante et chaleureuse, dansante et contemplative. Un de mes indispensable de ce début d’année !







Et sinon ils passent quand en concert, ça a l'air d'envoyer :



Barbagallo - Danse Dans Les Ailleurs #barbagallo

 
 
Julien Barbagallo c’est le batteur de Tame Impala, excusez du peu. Si on rajoute qu’il a aussi joué au sein d'Hyperclean, de Tahiti 80, d'Aquaserge, ça impressionne encore plus.

Je n’avais pas trop écouté les 2 précédents albums, mais cette fois je m’y suis mis. Je suis passé outre le qualificatif « chanson française » et j’ai fait abstraction du français. Et bien m’en a pris. Car ici on est vraiment dans de la pop. On pense très fortement à de la pop française du type les Innocents (les textes sont sur la même genre de poésie à l’apparence assez abscons, les vocalises des Mains Lentes), Baden Baden, O (je n’ai d’ailleurs pas fait de chronique de son immense album, il faut que j’y remédie même si ça a un an), François and The Atlas Mountain et donc Petit Fantome (sur Bouche Sauvage), et pour ce qui est plus vieux, Souchon, voire son fils (sur L’échappée), Christophe (sur Longtemps Possible) et même Brassens (oui quand on y pense sur les couplets des Mains Lentes).

L’album est très bien produit, plutôt ambitieux, intime, et on y trouve vraiment des titres très entêtants comme l’Échappée, Les Mains Lentes, l’Offrande (avec Kings Of Convenience en backing vocal, pas mal). C’est lumineux, presque sensuel, ça donne envie de se balader dans la campagne dans une fin d’après-midi d’été. 

Merde, il pleut et il fait 10°C…





Et en bonus, un remix d'un titre de son précédent album par Kevin Parker (Tame Impala) himself.



mardi 6 mars 2018

Stella Donnelly – Thrush Metal #stelladonnelly



Il ne faut pas se fier à la pochette. Par exemple le premier EP de Stella Donnelly. On y voit une gamine, version féminine de Mac deMarco manger des noodles en salopette et casquette Adidas bien datée. Pas très classe tout ça.
Quelle erreur.
La musique de Stella Donnelly est justement emplie de classe (naturelle) et de délicatesse (naturelle). Très mature tout en faisant très fraiche. Et ce n’est pas la production qui y est pour quelque chose, aucun effet. Juste une guitare, une voix, sans pathos, avec plutôt du soleil. Limite démo, très DIY.
En fait quand on y pense, ça ressemble à Mac deMarco version album, ça ne présente pas bien mais c’est sincère. La comparaison est d’ailleurs renforcée par une guitare légèrement déglinguée très laid-back.
Sincère c’est le mot, comme sur la géniale Mean To Me, une guitare, une voix (magnifique) et beaucoup de magie.
Comme sur Boys Will Be Boys, une ballade féministe magnifique qui prend la défense des victimes d'agressions sexuelles.

Les 6 titres de cet EP sont parfaits, de magnifiques balades mélodiques parfaitement écrites et interprétées dont le dénuement de production renforce la fragilité et la délicatesse. On a envie de s’asseoir à côté du feu dans un chalet ou sur la plage pour écouter Stella.

Marlon Williams – Make Way For Love #marlonwilliams



L’année commence on ne peut plus bien niveau musical avec encore un album précieux et fabuleux.
Je ne sais pas pour son auteur si l’année commence vraiment bien en fait, car Make Way For Love est un album de rupture. Faites de la place pour l’amour… qui part. Marlon Williams, néo-zélandais jusque-là plus dans des circonvolutions country y raconte en effet sa rupture avec Aldous Harding, une chanteuse folk.
L’album qui en découle est beau et fort. On y trouve de la folk, de la pop bien sûr, de la soul, mais aussi et surtout la voix de Marlon, façon crooner désabusé, inconsolable mais debout. Et c’est cette voix qui est le fil conducteur de l’album, qui fait naviguer entre les différents styles. Les balades très « cowboy » poussiéreuses et un peu désuètes comme Make Way For Love et I Know A Jeweller (géniale) laissent la place aux passages plus rock comme Party Boy. Can I Call You laisse planer un air prog-rock Pink Floydien ou on pourrait entendre parler Gainsbourg entre les lignes de basses chaudes et la mélancolie latente. Beautiful Dress convoque Father John Misty et une folk plus classique. What’s Chasing You fait office de super single. The Fire Of Love très musique de film 70’s propose une voix aigüe insoupçonnée. Nobody Gets What They Want Anymore propose un duo avec Aldous Harding justement… un peu gênant? Ça ne s’entend pas…
Et caché au milieu de l’album la sentence, la conclusion : Love Is A terrible Thing, l’incontournable piano voix de crooner, tout juste perturbé par un clavier/cor très Pink Floyd, coup de génie.

Un album parfait, maîtrise de la mélancolie, de l’émotion. Tomber mais avec classe.