lundi 31 octobre 2016

Golden Suits – Kubla Khan #goldensuits





J’avais déjà apprécié le premier album de Golden Suits et son imparable single Swimming in ’99 sortie il y 3 ans maintenant, et bien revoilà Golden Suits avec un nouvel album. Golden Suits c’est en fait Fred Nicolaus, qui était avant dans le groupe Departements of Eagles avec Daniel Rossen de Grizzly Bear (rien n’est dit sur un arrêt du groupe d’ailleurs). D’ailleurs ce dernier Daniel Rossen vient aider de temps en temps. Je ne serais même pas étonné qu’on trouve des traces des mecs de Woods, Kevin Morby ou Real Estate ! Bref ça se passe entre Brooklinien et ça s’entend. Toujours vaguement folk, principalement indie pop, avec le spectre de The National, Grizzly Bear ou Death Cab For Cutie derrière. 
On ne change pas une équipe qui gagne, le nouvel opus est dans la même veine, peut-être un peu plus pop. On y trouve de très bons titres très indie pop comme Gold Feeling (le tube) ou Only Waiting, Lie (superbe) ou Like A Bird. L’album en entier est très plaisant (sauf peut etre Useless, la première de l’album un peu lassante avec sa répétition de refrain trop appuyé. Useless effectivement). La voix est toujours très agréable, douce, plutôt grave (le très Leonard Cohen You’re Crossing A River), souvent doublée, un peu désabusée entre mélancolie et joie. C’est plutôt bien produit aussi (un peu de synthé, un glockenspiel, des claps de main, des grosses caisses…) Bref rien de révolutionnaire mais un album très sympathique, doux est assez immédiat pour les amateurs d’indie pop US tendance fixie et bonnet barbe en vogue à Brooklyn.

Ça permet d’attendre un prochain Real Estate, Grizly Bear ou National tranquillement. Surtout maintenant que Local Natives nous a un peu fait faut bon.

Two Door Cinema Club – Gameshow #TDCC




Pour moi, une des grosses révélations du pop rock du début des années 2010, c’est Two Door Cinema Club et son premier album coup de poing. Une collection fabuleuse de tubes. Presque tous les titres ont finis dans une pub ou un générique d’émission télé. Bon d’accord ce n’est pas toujours gage de qualité. Leur deuxième album pouvait sembler plus faible, mais il restait bon nombre de titres tubesques, instantanés. Après une pause de près de 4 ans, durant laquelle ils ont frôlé la séparation et le burnout, les voici de retour avec un nouvel album.

L’idée de départ semble être de changer de style, car on pouvait critiquer la similarité des 2 premiers albums. Vu que c’est la mode, pourquoi ne pas regarder du côté de la nostalgie des années 80 ? Tout le monde de l’électro pop ou de la pop en général le fait. Rien de nouveau donc. Enfin si. Le modèle de TDCC semble être un peu plus respectable que les Duran Duran et consort, eux se tournent plus vers Prince mais surtout Peter Gabriel. Un peu moins kitch normalement (même si les clips de Peter Gabriel nous font penser vraiment le contraire…). C’est particulièrement visible sur Bad Decisions (dont les parties instrumentales ressemblent à Steam) ou sur la plus expérimentale Surgery.

Donc Two Door Cinema ouvre grande la porte aux claviers. Ils n’ont pas été aussi loin qu’avec l’EP Changing Of The Seasons sorti il y a 3 ans qui était très électro, limite dance.

Cependant, on y perd (en partie) leur rythmique sautillante surexcitée et leurs riffs de guitares incisifs, remplacés par des cocottes à la Niel Rodger, plus gentillettes, et bien sûr double dose de nappe de synthé. Je précise en partie car on trouve encore quelques saillies à cordes bien senties qui rehaussent le tout (les refrains de Lavender ou Are We Ready ? par exemple ou même le limite punk Gameshow).

A la première écoute, au casque, ça ne m’a pas fait sauter sur ma chaise, un petit manque d’énergie jubilatoire et primaire comme sur Undercover Martyn, I Can Talk ou Someday. Du moins c’est que je m’attendais à avoir. Mais je l’ai mis à maison sur la chaine HiFi plutôt fort, basses rondelettes bien en avant, et là, mon fils de 4 ans s’est mis à se déhancher sur Bad Decisions (Je précise que mon fils a bon gout et voue un culte à The Less I Know The Better de Tame Impala ainsi qu’à Mrs Vandebilt de Paul McCartney). Il y a moins d’urgence dans le propos que sur Tourist History, d’explosivité pourrait-on dire, mais il a toujours ce côté ultra efficace : Alex Trimble écrit toujours des mélodies hyper accrocheuses, du vrai chewing-gum. Ça colle et ça reste longtemps en tête. Are We Ready ? (Wreck) et sa guitare funky, Bad Decision, Lavender, Fever pour les plus marquantes ont du mal à sortir de la tête une fois rentrées. Bref il nous a à l’usure.
Les nouvelles directions permettent au groupe de se lâcher un peu plus, d’oser un slow à la Phil Collins, voix de Bee Gees et solo de guitare héro avec Invisible. D’oser un morceau très bizarre avec force vocoder comme Surgery (que je n’aime pas mais bon). De faire une intro de 30 s planante à la Pink Floyd et d’enchaîner sans transition sur du disco funk avec Fever. Et surtout de ne pas avoir peur d’en mettre trop. Souvent ça passe, un peu sucré mais bon, des fois ça dépasse carrément la dose acceptable comme avec Je Viens de là (dommage sans ce trop-plein de sucre le titre aurait pu être pas mal). Enfin on est quand même pas au niveau du dernier Passion Pit quand même ! ou même du dernier M83.
Il n’empêche qu’on va retrouver partout ces nouveaux tubes immédiats, pour preuve Bad Decision, déjà générique de Quotidien. En plus des 2 single déjà parus, je prédis un grand avenir à Ordinary, Lavender et Fever. Les titres plus lents comme Invisible (un peu cheesy quand même) ou Good Morning seront moins sur le devant de la scène mais reste de bons titres.
Si vous avez la version Deluxe, en plus de divers remix (dispensable comme souvent) et une version live, vous allez trouver 2 très bons titres qui auraient dû finir dans l’album officiel selon moi : Gasoline et sa rythmique un peu 8 bits très sympathique et Sucker, une sorte de slow très laid back. Deux titres moins dynamiques mais très bons !

Two Door Cinema Club avouent s’être bien amusés à créer cet album, de ne s’être rien refusés, ça se sent, ça parait heureux, et la voix d’Alex Trimble est au diapason de l’album. Contrairement au décevant Local Natives, qui tentaient le même virage, mais sans l’assumer pleinement, les TDCC ont compris que dans la pop joyeuse, il fallait l’être à fond, jusque dans le moindre synthé. Et contrairement à M83, ils ont réussi.

Certains regretteront que TDCC délaissent leur style plus explosif des débuts, criant à qui veut bien l’entendre qu’ils ont cédé aux sirènes du succès. Mais je ne pense pas qu’ils aient déjà cherché autre chose que le succès. Leur but a toujours été de faire danser, bouger et de sortir de la pop instantanée. Mission plus que réussi il me semble.




lundi 3 octobre 2016

Warhaus – We Fucked A Flame Into Being #warhaus


Le matin, en me réveillant, j’écoute Pop n Co sur France Inter avec Rebecca Manzoni. Je vous conseille, c’est court, bien fait, et les critiques sont intéressantes. On y fait des découvertes. Comme Warhaus par exemple. Pas sûr que sans cette émission je sois tombé dessus. Et ça aurait été dommage car c’est une belle découverte. 

Warhaus, c’est en fait Maarten Devoldere, toujours pas ? C’est en fait l'une des moitiés du groupe Balthazar, un groupe belge, flamand même. Je sens que j’en raccroche quelques un mais pas tout le monde.

Pas grave, concentrons-nous sur Warhaus. Difficile de caractériser cet album, on pense à Léonard Cohen par le timbre rauque du chant, le côté nonchalant érayé et désabusé (et vice et versa). On pense à Gainsbourg période Requiem Pour Un Con avec ses percussions hypnotiques (Wanda). Mais on pense surtout à Lou Reed, celui de Walk On The Wild Side et sa fausse légèreté (Time And Again). Car la production tranche avec la nonchalance du chant. C’est rigoureux, foisonnant, ample, des chœurs, des cuivres, une guitare incisive, des notes de soul, de slow années 60, de pop eighties, un piano bar. Le son est compact percutant, on pense à certains beats hip hop (I’m Not Him, qui ouvre génialement l’album). 

Une bien belle découverte que je vous invite à écouter.

Cocoon – Welcome Home #cocoon





Même si le groupe vient de Clermont-Ferrand, je suis sûr que vous avez déjà entendu Cocoon et son tube Chupee, qui a fait le tour des spots publicitaires.
Pour son troisième album, Mark Daumail est désormais seul, on a bien quelques voix féminines, mais c’est Natalie Prass qui vient poser sa voix. Il est seul à composer et propose d’ailleurs quelque chose de très intime, en rapport avec le titre. La plupart des chansons ont été composées à l’hôpital, au chevet de son fils malade pendant plusieurs mois. S’en découle bien sûr une fragilité mais paradoxalement un peu de joie et de légèreté, la touche cocoon en fait, le glockenspiel.

On retrouve donc la voix douce, les balades un peu pop folk classique, mais avec plus d’intensité. On y trouve aussi une production plus léchée que précédemment. C’est Mathew E White qui s’y frotte, d’où l’apparition de chœurs gospel, d’un peu de soul, d’une guitare slide et de cordes dans un style très américain.
Le premier titre Retreat est bien dans ce style, avec de la soul et de l’émotion. Get Well Soon, enfonce le clou avec des paroles dures "It’s been a tough year for my family" et un air léger, limite joyeux avec ses trompettes mariachi et son glockenspiel léger, très bon titre. I Can't Wait lorgne vers du Beirut ou du Angus and Julia Stone premier album. C’est aussi très frais et doux, mais avec la mélancolie qu’amènent les paroles. Dans le style frais proche des albums précédents on trouve aussi Middle Finger et Miracle. Watch My Back, Grandaddy proposent des balades calmes : guitare folk, guitare slide et cordes, douces et délicates. On a aussi Out Of Tune qui sonne plus contemporaine, on pense à du Alt J, c’est très bien fait, un très grand titre.

Pour conclure, voici un très bel album, le meilleur de Cocoon selon moi : des mélodies pop imparables, une production parfaite, de l’émotion, de la délicatesse, de la joie, et une certaine grâce.

Bref ça fait du bien.