mardi 10 mai 2016

Griefjoy – Godspeed #griefjoy


On avait laissé Griefjoy en plein doute existentiel, entre pop et envolées électro, calme et tempête, entre Grief et Joy comme son nom l’indique. 3 ans plus tard, le barycentre semble toujours aussi dur à trouver, la dualité est toujours très présente entre morceaux pop et ensoleillés et grisaille technoïde flippante et mélancolique. Pas très loin d’Hot Chip, Caribou ou même de Moderat (si on s’enfonce dans les ténèbres) dans l’intention donc. Mais surtout dans la réalisation. On a ainsi affaire a un vrai virage électronique : exit les guitares, on ajoute encore plus de nappes, de beats, de basses synthétiques séquencées, de machines. Mais il reste toujours ce côté pop, ce gout de la mélodie délicate et accrocheuse et cette voix déchirante et cristalline de Guillaume Ferran. C’est vraiment elle le liant entre les différents titres, certains plutôt pop (Hollygrounds, Lights On, Why Wait, The Tide) et d’autres franchement électro (Into The Dream, Talk To Me, Scream Structure, Fool, Murmuration).

Alors évidemment les titres pop sont les plus accessibles, entêtants et, je l’espère, promis à un grand succès. Hollygrounds est assez sympathique, plutôt enjouée, très Hot Chip ou !!!, donc bien entendu à mon goût ! Le passage électro du milieu rend plutôt bien et lorgne même vers du Jungle UK, un peu à la manière de Disclosure. Lights On est plus cool, chaloupée, limite légère, très pop. C’est le single évident qui rappelle un peu le Phoenix de United dans l’intention et une certaine idée de la French Touch. Why Wait est très dansante et aussi géniale. Labyrinth et The Tide complètent aussi la collection de titres électro pop « faciles » et efficaces. Pour ma part, cette facette ensoleillée me plait particulièrement. Disons que je pourrais même m’arrêter là ! Mais ce serait dommage, il faut aussi creuser un peu pour prendre la pleine mesure de cet album, et y trouver d’autres pépites.
Prenons Godspeed, surement le morceau le plus ambitieux. Instrumental, définitivement électro avec ses beats technoïdes, le titre est assez trippant et vous emmène dans une Rave Party dans un squat pourri de Berlin en bordure de voie ferrée (Si je n’y étais pas déjà allé je n’aurais pas été aussi précis) et tout d’un coup arrive un piano obsédant, sur un motif rappelant le Sinnerman de Nina Simone et fait décoller le morceau. 
Scream Stucture est aussi intéressante, plutôt douce, elle se retrouve lacérée d’envolées électro inquiétantes et se termine en techno berlinoise épique, Moderat en ligne de mire. 
Murmuration lorgne vers du Radiohead, mais avec Michel Legrand en guest star et se révèle être un excellent titre avec un chant fabuleux, du grand art. You My Love et Fool, lorgnent vers du The XX (ou du Jamie XX) boosté à la house.
Certains vont être largués en route, la mue est impressionnante, le changement radical, les timides envolées électros du premier album font bien sourire face à cet album 100% digital. Une chose est cependant restée : la dualité déjà présente dans le nom. Cet album est à la fois solaire et inquiétant, triste et joyeux, en tout cas sacrément riche, beau et impressionnant.



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