mardi 17 mars 2015

Sufjan Stevens – Carrie & Lowell #sufjanstevens


Attention, chef d'oeuvre...

Le ventre plein d’un bon repas, les sens en éveil grâce à quelques verres de succulents vins, callé au plus profond de mon canapé en compagnie de ma belle-sœur, mon beau-frère et sa femme, il est 3h du matin ce samedi soir. Les premières notes de guitare de Death With Dignity retentissent pour la première fois dans mon salon et dans ma tête. Coup de foudre immédiat.
5 ans depuis le dernier album et le virage plutôt expérimental de Sufjan. On avait parlé de génie, de folie, de beaucoup de choses pour son dernier album et ses lives plutôt fous. Perso, j’avais plutôt moyennement accroché, pas que ce soit mauvais, bien au contraire, mais plutôt pas à mon goût je dirais. Bref, je préfère Illinois, plus pop, moins expérimental.
Donc revoilà Sufjan. De retour avec un album plus intimiste, beaucoup plus folk, fini les expériences électro de The Age Of ADZ.
Alors oui, c’est roots folk, dépouillé même, il y a beaucoup mois de production (disons plutôt qu’elle est beaucoup plus discrète, car elle est quand même là) que sur par exemple Illinois. Exit les trompettes, les cordes (il en reste quelques une par ci par là en fin de chanson) et glockenspiels, et même la batterie. De la guitare (classique, surtout pas électrique), surement du banjo ou un autre instrument à corde du genre, un peu de piano, beaucoup d’émotion et cette voix si particulière, souvent doublée, et si bien mise en avant. Il n’y a pas de changement radical, seulement moins de fioritures, un dégraissage en règle. Niveau texte, ça parle de la vie, de la mort, de l’amour, du manque, de déprime, de joie. Bon évidemment « We all gonna die » répété en boucle dans 4th Of July, ça plombe un peu… Après, quand on nomme l’album du nom de sa mère qui l’a abandonné à 1 an avec sa famille et que en plus celle-là vient de mourir, ça plombe c’est sûr… ça fait un peu Garden State dans le scénario. Je ressens d’ailleurs à l’écoute le même sentiment qu’en regardant ce film, une mélancolie mélangée à de la joie et de la beauté.
A première vue on pourrait considérer que c’est un album mineur de par son coté humble et peu expansif, un peu en rupture avec les précédents albums. On est en effet très loin de la pop grandiose tout en production aventureuse de Illinois et Michigan, bien loin de l’électronique du dernier album. Mais ce serait une grave erreur.
Cet album est très touchant, direct, bien sûr mélancolique, mais vraiment beau. Il y a beaucoup de délicatesse dans les arrangements, les guitares en picking sont rassurantes et parfaites, la voix est belle, sans forcer, du bout des lèvres, tout en soupir, d’ailleurs les souffles ne sont pas gommés et font partie intégrante des chansons, il y a également comme un bruit blanc en fond qui englobe le tout d’un côté authentique (j’ai lu qu’il a volontairement enregistré le bruit de sa clim). Et je ne parle pas des petits trucs de productions comme ces chœurs très discrets, très Bon Iver, comme sur Should Have Known Better. Le rythme est parfois haché pour redonner du souffle à la chanson comme sur Death With Dignity ou No Shade In The Shadow Of The Cross, c’est vraiment bien fait, assez typique de la folk, mais c’est intéressant, j’aime bien. On pense souvent à Simon and Garfunkel (surtout Paul Simon, sur Carrie & Lowell c’est le plus criant), à un de ses anciens tubes : John Wayne Gacy Jr (sur Illinois). Si vous aimez ce titre, il n’y a pas de raison de ne pas aimer l’album ! Mais on pense aussi à Elliott Smith, son fantôme rode sur une bonne partie de l’album, avec sa mélancolie et sa fragilité.
Tout l’album est intéressant, mais s’il fallait faire une sélection : je vote pour Death With Dignity, Should Have Known Better, Drawn To The Blood, Carrie & Lowell, No Shade In The Shadow Of The Cross (le single sorti en éclaireur) et Eugene, vraiment des classiques immédiats.
Cela fait plus d’une semaine que l’album tourne en boucle et je suis toujours autant sous le charme, ça faisait bien longtemps que je n’avais pas été aussi scotché par un album. Il y a beaucoup d’émotions qui passe dans ce disque et c’est le plus important. On a envie de pleurer, de rire, de courir dans l’herbe, de contempler les nuages passer. La vie quoi.

Reste plus qu’à attendre le vinyle édition spéciale en pré commande…


1 commentaire:

  1. Le vinyle est arrivée, ça vaut le coup niveau qualité sonore…
    Toujours disque de l'année en tout cas !

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