mardi 6 septembre 2016

Michael Kiwanuka – Love & Hate #michaelkiwanuka


Il avait créé la sensation il y a 3 ans avec son premier album. Révélation soul de l’année comme on avait dit à l’époque. Pourtant le jeune homme n’est pas un admirateur inconditionnel de la soul et de Marvin Gaye comme on aurait pu le penser. Il y avait pas mal de folk dans son premier essai, mais là il s’éloigne encore plus de ce pourquoi on le prédestinait. Pour preuve, ce nouvel album et son choix radical de prendre Danger Mouse comme producteur. Sa voix soul vient se parfaire des arrangements classiques de Danger Mouse, entre envolées bluesy (comme sur les albums des Black Keys), prog rock planant à la Pink Floyd (comme sur le dernier Black Keys), rythmique appuyée, cette fois plutôt soul (comme sur la plupart de ses productions mais plus précisément avec Gnarls Barkley ou sur Electric Guest, d’ailleurs qu’est-ce qu’ils deviennent ?) et sa touche Ennio Morricone (comme sur son excellent album avec Daniel Lippi, Rome).
En y réfléchissant bien, on a d’ailleurs plus l’impression d’entendre un album de Danger Mouse que de Michael Kiwanuka. Mais ça c’est à la première écoute, et surtout parce que je connais bien les tics de production de Danger Mouse. Car ce qu’on voit derrière tout ça, c’est des titres magnifiquement écrits, un chanteur mais aussi un joueur de guitare accompli. Quelqu’un qui aime autant David Gilmour que Curtis Mayfield, Fella Kuti que les Beatles.
Tout commence par un immense morceau de 10 minutes, avec une intro longue, instrumentale, Pink Floydienne, symphonique et cinématographique (Extasy of Gold d’Ennio Morricone me vient direct en tête), puis la mélodie se pose doucement, le rythme aussi, enfin la voix arrive au bout de 5 minutes. « Did You Ever Want It ? » on accroche tout de suite à sa voix sincère, à son timbre, sa mélancolie, à la composition. On ne pouvait pas faire une meilleure chanson pour démarrer l’album et affirmer ses intentions : fini la soul folk de l’album précédent, Michael voit grand, le format ne passe pas à la radio, c’est sûr, mais le titre est un vrai tube, ultra pop et immédiat. On enchaîne ensuite sur ce qui pourrait par contre plus passer à la radio : Black Man in a White World, très afro, le morceau le plus soul de l’album et sûrement un future hymne Black Lives Matter. Tout est dans le titre. Le reste de l’album oscille entre pop, blues et soul, Falling et ses synthés, One More Night et son côté un peu laidback et funky est géniale, on a les douces Father’s Child et Rule the World, qui renoue avec la soul folk mais avec une trouvaille géniale pour dynamiser le tout : le contretemps des chœurs, en avance sur le chant, c’est gospel, c’est parfait. On a aussi Love and Hate, slow hyper arrangé de cordes somptueuses. Pour couronner le tout, The Final Frame clôt en beauté et en mélancolie l’album entre Otis Redding et Neil Young, voix cassée et troublante, bluesy et laidback. Parfait.
On peut regretter peut être le côté trop propre de l’album, moins immédiat que le premier album qui avait un petit côté démo assez sympathique. On peut regretter l'emprunte trop forte de Danger Mouse. On peut aussi apprécier sans retenue ce mélange subtil de soul, de pop, de prog rock, de funk et surtout de talent et d’âme.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire